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Les besoins sociaux à Fontenay aux Roses : réalité ou chimère

Notre ville vient d’obtenir 2 distinctions :

– l’une au titre des villes fleuries avec 2 fleurs, accordées directement,

– l’autre, diffusée par le Parisien, comme étant une des villes les plus sûres de la région en 2020.

Ces appréciations méritent une information quant aux critères retenus. Mais il ne faudrait pas que soient occultées d’autres réalités.

En effet, la situation sociale de notre commune incite à un examen approfondi, sachant que malheureusement  le contexte économique qui s’aggrave constamment depuis la crise COVID ne fait pas de Fontenay un cas isolé.

Le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale), établissement public administratif, anime les actions de prévention, de prise en charge, d’orientation et d’écoute des populations susceptibles de rencontrer des difficultés: familles (monoparentales et autres), seniors et jeunes, fontenaisiens en situation de handicap, …

Il est de plus en plus sollicité même si la crise COVID  a pu masquer des réalités notamment d’isolement. C’est pourquoi j’ai plaidé depuis mon élection au conseil municipal pour une meilleure adaptation des moyens qui lui sont octroyés par la mairie à cet établissement, afin de faire face aux besoins des fontenaisiens, notamment en direction  des plus fragiles.

Le CCAS procède actuellement à l’analyse des besoins sociaux de la commune (ABS), exercice obligatoire après chaque élection municipale. La phase statistique de la situation communale et infra communale a été effectuée, essentiellement à partir des données de l’INSEE dont on peut regretter que la plupart des chiffres disponibles datent de 2018, soit avant COVID. Ces statistiques vont alimenter la réflexion de 3 groupes de travail en janvier afin de permettre de dégager les besoins prioritaires des fontenaisiens et de définir des actions publiques cohérentes et efficaces sur des thématiques variées : actions sociales, logement, petite enfance, jeunesse, seniors, santé, emplois, cadre de vie…

Certaines communes aux alentours ont fait le choix d’associer plus directement leurs habitants, via des réunions plus larges ou des questionnaires. Mais l’essentiel est que des actions concrètes soient confortées et que de nouvelles soient mises en place rapidement.

La précédente analyse avait été réalisée après les élections de 2014, soit au cours des années 2015 et 2016, et avait conduit à un important document d’analyse et de propositions selon 3 axes :

– favoriser le vivre ensemble et lutter contre les exclusions ;

– développer des réponses aux besoins spécifiques des publics ;

– piloter l’action sociale de manière coordonnée.

Ces 3 axes avaient été déclinés en 14 objectifs stratégiques et 27 actions.

Ce nouvel exercice, suite aux élections municipales de 2020, doit prendre en compte les évolutions des difficultés rencontrées qui, comme je le rappelais en préambule, ne peuvent que s’aggraver. Mais l’analyse, en préalable aux études statistiques, aurait dû s’appuyer sur le bilan des actions qui avaient été dégagées de la précédente analyse et comprendre pourquoi certaines n’avaient pas été mises en œuvre.

En effet, des évolutions positives tels que les appels de courtoisie, la permanence d’écrivains publics, la coordination des actions sociales sont à noter. A contrario, il est dommage que le répertoire recensant l’ensemble des aides sociales ainsi que l’observatoire social n’aient pas pu voir le jour, tout comme le renforcement de la visibilité sur les publics que l’on qualifie trop souvent d’invisibles.

Les statistiques disponibles sont malheureusement trop anciennes pour intégrer les fortes dérives liées à la COVID. L’explosion du chiffre des demandes d’information et de soutien reçues par le CCAS entre 2020 et 2021 l’illustre : plus de 16 300 demandes reçues en 2021, soit une augmentation de près de 50 % par rapport à 2020 (sachant qu’entre 2017 et 2020 une quasi stabilité avait été observée). Dans ce même laps de temps, 4 600 rendez-vous physiques ont été enregistrés soit +36 %. Ce dernier chiffre doit toutefois être modulé en raison de la limitation des  déplacements pendant la pandémie COVID.

Examinons quelques éléments

  • Démographie

A Fontenay, la population est relativement jeune: près de 40 % a moins de 30 ans, notamment la tranche des 3/14 ans (plus de 20%, en hausse de 25% en 10 ans) et avec une part des enfants de moins de 3 ans supérieure à celle des villes voisines (3,9%) même si elle se réduit. En outre la proportion des familles monoparentales s’est accrue fortement en 10 ans (+35%) atteignant 22%, ce qui constitue une source de fragilité.

  • Chômage

Le taux de chômage des 15/24 ans passe de 17 %  en 2008 à 26 % en 2018, voire 39 % aux Blagis. Dans ce quartier on relève aussi un chômage global de 24 % (9 % pour le quartier Ormeaux-Renards et 8 % à Pervenches-Val Content).

  • Revenus

Cette situation impacte fortement les revenus. Entre 2013 et 2019 les revenus médians dans notre commune sont en hausse de 7 %, soit 1 % en moyenne par an mais avec des situations très disparates selon les quartiers : en réduction de 13,5 %  à Scarron, stable aux Blagis, en augmentation de 10 % aux Ormeaux.  De même, le niveau du revenu médian varie fortement, de moins de 15 000 € /an aux Blagis, à 20 000 € à Scarron, à près de 40 000 € à Gare-La Roue.  Les besoins sociaux qui en découlent seront donc différents bien que les moyennes puissent occulter des publics invisibles. Soulignons que 10 % des ménages les plus pauvres touchent moins de 1 000 € par mois, aides sociales incluses. Ce sont surtout les moins de 30 ans qui sont les plus touchés puisque le taux de pauvreté est passé de 16% en 2014 à 20% en 2018.

  • Seniors et petite enfance

Concernant les seniors et la petite enfance les problématiques sont plus globales et doivent s’analyser à l’échelle de la commune. Pour les seniors, l’isolement est exacerbé par le fait que 51 % des personnes de plus de 80 ans vivent seules avec souvent des difficultés de déplacement intra ou extra communal. Pour la petite enfance, le pourcentage très faible de la scolarisation des enfants de 2 ans (4 % contre 13 % pour le territoire et 10% en 2015) induit un fort  besoin d’accueil de ces enfants et pas seulement en offre individuelle.

D’autres données viendront nourrir la réflexion des groupes de travail mais, d’ores et déjà, alors que le budget 2023 est en préparation et que l’analyse des besoins sociaux ne sera vraisemblablement disponible que pour le budget 2024 compte tenu des retards pris, ces premiers chiffres montrent que les besoins sociaux vont exploser sur notre commune comme sur toutes les communes. Les besoins du CCAS doivent être revus en conséquence en faisant les choix budgétaires les plus appropriés.

Alors que des villes proches ont privilégié dans leur contrat triennal avec le département des mesures sociales, il semblerait que celui de FAR ait notamment retenu un parcours intergénérationnel, ce dont on pourrait se féliciter si en fait il ne masquait pas la création d’une « ferme refuge ». Les frais de fonctionnement, hors frais de personnel, de cette structure seraient sans doute d’un montant équivalent à celui des aides directes distribuées par le CCAS…

Espérons que le budget 2023 qui sera voté à la fin du 1er trimestre 2023 permettra d’infléchir les orientations actuelles sur la base des travaux qui vont être menés dans le cadre de l’analyse des besoins sociaux, sans en attendre les conclusions.

En effet, la gentrification liée à la venue d’une population plus aisée dans les nouvelles constructions ne doit pas masquer les besoins croissants de la population en place en voie de paupérisation.

 Jean-Yves Sommier

Conseiller municipal

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