Francis Rondelez Mardi 4 juin 2024
Laurent Ribadeau Dumas
Monsieur Laurent Vastel, Maire de Fontenay-aux-Roses
Monsieur Michel Renaux, Maire adjoint
Monsieur le Maire, Monsieur le Maire adjoint
Nous vous avons récemment adressé une lettre ouverte pour vous alerter une nouvelle fois sur les atteintes irréversibles que va causer au patrimoine historique et architectural de la ville le projet d’immeuble de 19,50 m de haut et 28 m de long, proposé par le promoteur ADIM-Vinci. Projet pour lequel vous avez accordé un permis de construire à quelques mètres du château Laboissière, le long de la ruelle de la Demi-Lune, château qui est le seul monument emblématique de Fontenay-aux-Roses.
Cette opération immobilière est d’autant plus incompréhensible que le Fontenay-Magazine de février affirme en couverture que votre politique d’urbanisme entend préserver « l’identité de notre ville ».
Nous espérions une réponse de votre part pour ouvrir le débat et permettre aux Fontenaisiens de mieux comprendre vos intentions. Pour le moment, nous continuons à souligner que le rôle d’un maire et de ses adjoints est de pérenniser la protection du patrimoine architectural de valeur. Mais sûrement pas de l’entamer de manière irréversible et d’empêcher que les générations futures puissent en profiter.
Dans cette 2ème lettre ouverte, nous voulons aborder un autre point important que vous ne semblez pas avoir pris en compte en accordant le permis de construire modificatif (PCM) au promoteur ADIM Vinci :
Le bien-être des futurs habitants du projet immobilier de la ruelle de la Demi-Lune.
L’architecte des bâtiments de France a donné son accord avec la prescription suivante : « des arbres à haute tige devront être plantés sur toute la longueur de la limite parcellaire (côté́ ruelle de la Demi-Lune) pour créer un écran végétal visible depuis le monument ». Le promoteur a donc prévu, dans un style étonnamment littéraire et fleuri qui mérite d’être cité in extenso, de créer un rideau végétal composé de « huit arbres fastigiés, Charmes commun qui empruntent au vocabulaire des haies de charmilles de jardins historiques et patrimoniaux » (sic !). Le texte continue en disant « Leur port fastigié permet d’assurer une densité́ importante du houppier. Ils maintiennent un gabarit contenu et permettent une mise à distance des logements de l’opération immobilière pour favoriser un apport de lumière. »
« Un apport de lumière », vraiment ? Toujours dans le même document, on apprend que ces charmes, arrivés à maturité, atteindront 8 à 10 m de haut et une largeur de 3 m. Or, selon les plans, entre le mur de la ruelle et l’immeuble, il n’y a qu’un espace de 3,20 m ! Une place plus que réduite pour le développement de tels végétaux… En clair, les fenêtres des habitants dont les appartements donneront sur les charmes seront complètement bouchées et obscurcies par les branches. Plutôt que d’un « apport de lumière », on devrait plutôt parler d’un « déficit de lumière » ! Qui voudrait habiter dans un appartement qu’il faudra éclairer en permanence pour y voir clair ?
Cet écran végétal, pénible pour les occupants de l’immeuble, est aussi un leurre pour les utilisateurs du Château. Comment croire qu’un rideau d’arbres qui ne fera que 10 m maximum permettra de masquer un immeuble de 5 étages et 19,50 m de haut ?
Quelle conséquence pour les acheteurs ?
Les acheteurs de ces appartements vont donc constater au fil des années que leur appartement devient de moins en moins agréable à vivre, à mesure que les arbres grandiront et occulteront leur vue. Résultat : leurs appartements pourraient perdre de leur valeur et ils pourraient aller jusqu’à vouloir quitter cette commune qui ne s’est pas souciée de leur qualité de vie, pour eux et leurs enfants. Or la démographie est en baisse dans notre ville…
Situation similaire 24 avenue Lombart…
Notre lettre ouverte nous a paru d’autant plus nécessaire que la situation s’est déjà produite lors de la construction du Clos Renaissance, au 24 avenue Lombart. Le président du syndicat libre des propriétaires, M . Devoto, l’explique très bien dans une lettre ouverte en date du 22 février 2024.
Lettre ouverte aux élus de Fontenay par le Président de l’ASL du Clos Renaissance -24 avenue Lombart
A la lecture de cette lettre, on découvre que l’accès aux places de parking est insuffisamment large, que les caractéristiques du mur anti-bruit et de l’isolation thermique ne sont pas aux normes en vigueur, etc. Si ces anomalies avaient pu être détectées par les élus responsables et les services techniques lors de l’examen de la demande de permis de construire, la situation ne se serait peut-être pas envenimée et les occupants du Clos Renaissance n’auraient pas été amenés à exprimer leur désappointement avec des mots très forts :
« Cette situation pour nous (est) une source d’amertume car nous avions choisi, mes copropriétaires et moi, de nous installer à Fontenay‐aux‐Roses dans l’espoir, peut‐être illusoire, de vivre dans un cadre agréable et une commune bien administrée pour y élever nos enfants. …».
Vous n’ignorez pas que cette affaire a été médiatisée. Le Parisien s’en est fait l’écho dans son édition du 7 février 2024 (*https://www.kiosque.leparisien.fr/data/70589/reader/reader.html?t=170794…), évoquant les difficultés rencontrées par les occupants de cet ensemble de plusieurs maisons. L’image de Fontenay-aux-Roses n’en sort pas forcément grandie…
… et au 136 rue Boucicaut
Votre toute récente acceptation du permis de construire pour un immeuble au 136 rue Boucicaut va encore et toujours dans le même sens. Si l’on en croit un article paru cette fois dans un blog citoyen, le « Pour Fontenay » du 29 mai (https://www.pourfontenay.fr/blog/haut-de-la-rue-boucicaut-encore-un-permis-surdensificateur-le-8eme-en-5-ans-cette-fois-au), les nouveaux occupants ne disposeront que de 21 places de parking dédiées alors qu’il en faudrait 35, selon le PLU. On imagine sans peine les difficultés quotidiennes que rencontreront ces nouveaux arrivants dans la commune lorsqu’ils devront chercher une place de stationnement aux alentours, dans un quartier déjà sursaturé.
En conclusion et pour vos prochaines décisions urbanistiques,
nous comptons sur vous en tant qu’élus pour mieux tenir compte de la qualité de vie associée aux constructions en projet. Les erreurs à venir, il est encore temps de les éviter !
Si on regarde le Fontenay Magazine du mois de février de cette année, on constate un grand nombre de constructions nouvelles en plusieurs points de la ville. Vous ne manquerez donc pas d’occasions de montrer que vous avez entendu et compris notre demande.
En espérant une réponse de votre part, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, Monsieur le Maire adjoint, nos respectueuses salutations.
Francis Rondelez et Laurent Ribadeau Dumas
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Bonjour,
Vous savez que je suis tout particulièrement le projet immobilier dont vous parlez, le long de la ruelle de la Demi Lune et du château Laboissière. Comme vous, je n’ai aucune illusion sur la hauteur ridicule qu’atteindra le rideau d’arbres, annoncée par le promoteur et les pépiniéristes à 8-10m quand le bâtiment fait plus de 19m. Huit mètres est même douteux, sachant que des pépiniéristes annoncent plutôt 5-8 m pour la variété envisagée. Cinq mètres pourrait être encore incertain en milieu urbain contraint, entre un mur de clôture et le bâtiment distant de 3m seulement. Noter encore que la variété envisagée a une croissance lente et qu’elle est employée pour des haies… (https://www.plantes-shopping.fr/boutique/article/1120-carpinus-betulus-frans-fontaine). Sans surprise, l’ABF et la commune ne relèvent pas l’anomalie du projet qui ne respecte pas la prescription « des arbres de haute tige (…) pour créer un rideau végétal », disant une obligation de moyen et de résultat. D’autres anomalies émaillent encore le dossier, que vous avez certainement relevées. Le Tribunal tranchera, puisqu’il faut en arriver là.
Cordialement.
Olivier SASSOT