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Chronique d’un Fontenaisien qui est atteint du COVID : 6 – l’intubation

Depuis des années je dis à mon épouse qu’en cas d’accident ou de maladie grave, je ne veux pas être intubé. Je considère en effet qu’à mon âge canonique  un acharnement thérapeutique n’a pas de sens: dépenser des sommes importantes, au frais de la collectivité, pour un résultat hasardeux me paraît déraisonnable.

Quand à J1 je suis arrivé aux urgences de l’hôpital de Besançon, j’ai fait cette déclaration spontanément à l’Interne de garde. L’interne a souri et n’a pas insisté. Mais quand deux jours plus tard, il devait me transférer dans un service spécialisé, il est revenu vers moi. Avec beaucoup de pédagogie et de finesse, il m’a expliqué les trois niveaux par lesquels on fournit de l’oxygène aux patients atteints de la chose :

1- Les lunettes. Un double tube qui débouche dans chaque narine est relié à une source d’oxygène qui peut fournir jusqu’à 15 litres par minute. Ce dispositif est assez courant: il arrive que l’on rencontre dans la rue des personnes qui portent leurs bouteille avec cet équipement.

2 – Le système dit optiflow. Même dispositif mais avec des tubes de 5 mm reliés à une centrale plus élaborée qui peut fournir jusqu’à 40 l/mn. Ce dispositif est plus confortable que le précédent, parce que l’oxygène est chauffée, alors que l’oxygène qui vient de la bouteille (lunettes) est en général plus froide, et donc m’a posé des problèmes de gorge, très sensible aux variations de température. J’ai bénéficié de ce deuxième niveau, sans doute en raison de la température plutôt que du débit.

3- L’intubation. Là on entre vraiment dans la réanimation hard: on met le patient en comas artificiel, on lui insère dans la gorge une canule, et c’est une machine qui mène la danse… Pour en avoir parlé avec le médecin du service, les patients qui passent plusieurs semaines dans ce dispositif ne reviennent pas en très bon état… Le service dans lequel j’étais ne disposait pas de ces machines, qui devaient être concentrées dans une autre unité.

Et lorsque l’interne m’a demandé dans quel service je souhaitais être transféré, je lui ai lâchement répondu que … c’était à lui de décider…

Michel Bayet


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