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9 mesures pour rééquilibrer la place de la voiture en centre-ville

L’objectif de ce texte est de stimuler le débat sur l’avenir du centre-ville de Fontenay-aux-Roses par une analyse et des propositions concrètes. Je remercie par avance les lecteurs de leurs commentaires et participation à ce travail !

Pas de parking, pas de business ?

« Pas de parking, pas de business » dit-on souvent. Mais est-ce vrai que dans un centre-ville piéton les commerces meurent automatiquement ? Une étude du Groupement des Autorités Responsables de Transport (voir ce lien) prouve le contraire. J’ai tiré quelques enseignements de cette étude et vous les présente ici à la « sauce fontenaisienne ». Elles pourraient être utiles pour notre ville, qui s’apprête à changer son plan de circulation en centre-ville justement.
L’étude montre que les consommateurs des commerces de centre-ville viennent majoritairement faire leurs achats à pied ou à vélo. Et si l’on ajoute les usagers des transports publics, la proportion de consommateurs qui ne viennent pas en voiture atteint même 80%. Au total, les automobilistes-consommateurs ne représentent donc qu’une petite minorité, une réalité qui est d’ailleurs systématiquement sous-estimée par les commerçants interrogés.
De plus, les clients qui recourent à la marche, au vélo ou aux transports en commun, sont des clients plus réguliers. S’ils consomment et achètent moins par visite, ils reviennent plus souvent et dépensent plus au total. Plus précisément : un automobiliste dépense 27% de moins qu’un piéton, 12% de moins qu’un cycliste et 3% de moins qu’un usager des transports en commun.
L’étude ajoute qu’il serait donc « absurde de vouloir revenir à un âge d’or où les aménagements urbains seraient de nouveau entièrement dévoués à la reine automobile. Un centre-ville ne peut rivaliser avec des centres commerciaux excentrés, pourvus d’immenses parkings gratuits permettant des achats groupés, rapides, souvent meilleurs marchés que dans les petites enseignes. »
Des voitures oui, mais pas partout
En revanche, un centre-ville peut offrir un autre atout que n’ont pas les centres commerciaux : une qualité de vie. Pour créer cette qualité de vie, il faut faire des choix. Par exemple : préserver le centre-ville d’une « excessive pénétration automobile ». Ce choix permet de créer un espace où l’on a envie d’être du fait de sa qualité architecturale, son patrimoine préservé ou son offre commerciale plus complète. Et quand on est bien dans un endroit, on est tenté d’y rester et de consommer. Ce sont notamment les commerces de bouche et de services (restaurants, hôtels, cafés…) que la piétonisation fait prospérer.
Il y a une autre raison pour diminuer l’utilisation de l’automobile : la nouvelle politique en matière de logement du gouvernement. Cette politique consiste à densifier tout en diminuant le nombre de places de parking obligatoires pour les nouvelles constructions à proximité des gares. Et comme le centre-ville de Fontenay est considéré à proximité des gares, on va forcément arriver à une saturation des places de stationnement. Il faudra donc trouver d’autres solutions de mobilité qui soit ne passent pas par la voiture particulière (marche, vélo, bus), soit qui utilisent la voiture moins (autopartage ou covoiturage).
Quelle est alors la place de la voiture dans notre centre-ville ?
Attention : l’étude ne recommande pas d’évincer la voiture mais plutôt de lui donner une place équilibrée dans la ville. Car la voiture a évidemment sa pertinence en tant que mode de transport ! Cependant il faudra arriver à l’intégrer dans un projet bien réfléchi qui dégage des espaces de bien-être plutôt que de les écraser en mettant piétons, vélos, bus et voitures systématiquement partout ensemble. En somme, il faut passer d’une logique de guerre piéton-cycliste-voiture à une logique de complémentarités de modes de transport.
9 mesures
L’étude propose de nombreuses mesures concrètes permettant de réaliser cette complémentarité, dont j’ai sélectionné 9 pour Fontenay-aux-Roses :
1/ Créer des parkings autour du centre-ville et les intégrer dans un mini-périphérique autour du centre-ville comme dans ce dessin :
Le mini-périf’ autour du centre-ville en noir. La rue Boucicaut, en rouge, ne serait accessible que pour des livraisons et pour du trafic de destination.
Ce mini-périf’ avec parkings associés permettrait de rendre la rue Boucicaut piétonne. Actuellement la rue Boucicaut est « abusée » par un flux intense de voitures qui ne font que traverser le centre sans s’arrêter pour faire du shopping ! Ce flux automobile use les routes, ce qui coûte de l’argent, et surtout dégrade la qualité de l’accueil (pollution toxique et sonore, insécurité…). Pourquoi choisir ce déséquilibre alors qu’on peut choisir de dévier ce flux autour du centre-ville pour créer un lieu de détente plus propice à l’achat-loisir ?
Si la rue Boucicaut devient piétonne, où se stationnera-t-on ? Les trois parkings suivants suffiront : le parking sous le marché, celui sous le Carrefour Market (encore faut-il le rendre accessible depuis la rue Jean Jaurès) et le futur parking sous la partie minérale de la place du Général de Gaulle face au château.
Mais cette solution n’oblige-t-elle pas les automobilistes à marcher trop loin pour faire leurs courses ? Non: l’automobiliste qui s’y gare n’aura pas plus de mètres à parcourir à pied pour faire ses courses que celui qui se gare quelque part en surface !
2/ Stimuler le covoiturage.
Inciter les grandes entreprises et la Municipalité elle-même à aider leurs employés à partager leur véhicule pour le trajet maison-travail (emplacements de parking dédiés, mise en réseau des employés).
3/ Stimuler l’autopartage.
Autolib’ existe déjà, mais la Municipalité pourra aussi inciter les promoteurs à construire des copropriétés qui ont leur propre « autolib’ d’immeuble ». Moi-même je serais plus tenté d’utiliser un véhicule partagé dans mon immeuble que de prendre un abonnement Autolib’.
Le covoiturage et l’autopartage diminueront le flux automobile en passant de la voiture-possession (qui encombre les rues et les parkings) à la voiture-service (que n’on utilise que quand on a besoin). L’étude montre qu’une voiture partagée remplace 9 (!) voitures particulières. En plus, ces voitures partagées sont utilisées 3 fois moins que les voitures particulières. Bien sûr tous les habitants n’abandonneront pas tout de suite leur voiture particulière. Mais les foyers seront plus tentés d’abandonner leur 2ème voire leur 3ème voiture, ce qui sera une contribution de plus à la transition vers un centre-ville plus agréable et dynamique.
4/ Créer de véritables zones de rencontre.
Aujourd’hui la place du Général de Gaulle est déjà une zone de rencontre :
Un panneau carré indique le début de la zone de rencontre qu’est la place du Général de Gaulle.
Cela signifie que les voitures ne peuvent pas dépasser les 20 km/heure, et que les piétons ont la priorité absolue et sont autorisés à circuler sur la chaussée. Cependant l’aménagement actuel de la place ne crée pas cette rencontre paisible de voitures et de piétons : chacun est constamment « repoussé » dans son couloir de circulation. Voici à quoi ressemblerait une véritable zone de rencontre dans laquelle un automobiliste fera beaucoup plus attention qu’aujourd’hui sur la place du Général de Gaulle :
Dans cette zone de rencontre l’automobiliste comprendra immédiatement qu’il doit effectivement partager son espace avec les piétons et les cyclistes.
Cette homogénéisation de la place est déjà prévue, entre autres par l’intégration du parvis de la Mairie dans la place du Général de Gaulle.

5/ Installer des Vélibs électriques. 
Cette installation est déjà prévue par la Municipalité.
6/ Favoriser la circulation à vélo n’a pas de sens si on n’offre pas au vélo un couloir dédié sur la chaussée. 
 Les piétons et les voitures ont toujours leurs propres couloirs, mais les cyclistes sont « livrés » – souvent de façon dangereuse – aux automobilistes. Les Fontenaisiens ne prendront donc pas le vélo s’il n’y a pas de pistes cyclables. Bonne nouvelle : un groupe de travail du Comité de Liaison des Comités d’Habitants est en train d’être créé sur ce sujet (contactez-moi si vous êtes intéressé : steinvanoosteren@hotmail.com).
7/ Ne pas oublier qu’un vélo se stationne aussi. 
Prévoir donc des arceaux en centre-ville et des abris-vélos sécurisés autours des gares.
Garer son vélo en prenant le RER pour aller travailler à Paris peut être encouragé davantage par l’installation d’un parking à vélos, qui manque aujourd’hui.
Des parkings à vélo sécurisés permettent de laisser son vélo à la gare en toute tranquillité et ils prennent beaucoup moins de place que des parkings pour voiture.

8/ Favoriser aussi la circulation à pied.
  • Donner plus de place aux piétons pour qu’ils puissent marcher côte à côte et sans être constamment sur leurs gardes ;
  • Installer quelques bancs (sans dossier) le long de la rue Boucicaut pour qu’on puisse faire une petite pause, ajuster son sac, etc.;
  • Rendre la ville plus lisible en termes de déplacements piétons. Explication : pour le piéton il est plus facile de raisonner en termes de durée que de distance de déplacement. Pour cette raison, à la gare RER il y a déjà des panneaux qui indiquent le temps qu’il faut pour rejoindre entre autres le centre-ville et la médiathèque à pied :

  • Il serait intéressant aussi de créer une carte « marcheminute » avec l’ensemble des itinéraires piétonsentre les points majeurs de la ville. Cette initiative est ludique et incite à la marche.

9/ Une bonne communication.

  • Eviter un discours culpabilisant vis-à-vis de l’automobiliste. Insistez plutôt sur les avantages économiques et environnementaux de l’abandon de la 2ème voire la 3ème voiture du foyer. Cet abandon signifie pour les familles un gain de pouvoir d’achat et une hausse de qualité de vie (moins de pollution, de congestion, d’accidents, de bruit, etc.). Si dans une ville de 20.000 habitants comme Fontenay-aux-Roses la moitié des foyers se sépare d’un véhicule, cela représenterait un gain d’environ 20 millions d’euros.
  • Amener les Fontenaisiens par l’information et l’éducation à essayer d’autres pratiques de mobilité en les sensibilisant via FontenayMAG, des tracts et des workshops lors de manifestations. Sensibiliser surtout les enfants à l’école: il est beaucoup plus facile de faire naître un cycliste que de transformer un automobiliste en cycliste.
  • Faire participer les Fontenaisiens à l’organisation de cette transition. Organiser par exemple une concertation sur les moyens d’organiser la circulation en centre-ville pour le rendre plus attractif. Des mesures conçues ensemble avec les Comités d’Habitants seront plus facilement acceptées que celles qui seront appliquées unilatéralement par la Municipalité sans aucune forme de concertation. Un bon exemple est le groupe de travail sur la circulation à vélo mentionné ci-haut.
Conclusion
La transition vers un centre-ville plus dynamique, plus piéton et plus agréable ne sera évidemment pas créée du jour au lendemain. Mais beaucoup d’efforts dans ce sens sont en bonne voie :
  • La Municipalité vient de créer une nouvelle Place de l’Eglise que je trouve beaucoup plus accueillante et lisible que celle d’avant ;
  • L’aménagement d’une nouvelle place du Général de Gaulle avec une place toujours arborée mais différemment (voir ce lien pour notre travail sur ce sujet) ;
  • Piétonisation du centre-ville (un essai de piétonisation partielle de la place du Général de Gaulle est en cours de concertation avec les riverains) ;
  • Une future coulée verte, dotée d’installations de jeux, qui connectera la place du Général de Gaulle au théâtre ;
  • Un centre-ville piéton ne peut pas fonctionner sans une offre commerciale variée que la Municipalité est en train de faire venir dans le centre-ville. On a aujourd’hui 6 banques et 5 coiffeurs sur 450 mètres (!) dans la rue Boucicaut alors qu’il manque une crèmerie, une poissonnerie, une librairie, un magasin de jouets, une terrasse (au niveau du Mail par exemple) etc.
Mais la Municipalité ne pourra pas nous offrir ce centre-ville dynamique et piéton si nous, les Fontenaisiens, ne prenons pas notre propre responsabilité qui est énorme : faisons nos courses un peu plus souvent à Fontenay ! A force d’aller à la rue Houdan à Sceaux ou ailleurs, il ne faut pas s’étonner que nos commerces périclitent !
Je vous invite donc très vivement à acheter votre lecture au nouveau kiosque, votre vin chez Nicolas, déjeunez au Café du Marché ou au Comptoir des Pipelettes à côté du Carrefour Market pour la faire décoller, dînez chez l’Arganier ou Innovizza qui proposent une cuisine savoureuse et de qualité, et ainsi de suite.
Le secret d’un centre-ville n’est pas seulement une Municipalité volontaire mais aussi une application massive du slogan suivant par les Fontenaisiens :
Dépensez, Déjeunez, Dînez et Déplacez-vous un peu plus souvent local et à pied !
Je ne pratique pas les résolutions de fin d’année, mais pour ce slogan je ferai une exception pour 2017 et au-delà. Si vous le faites aussi, ensemble on arrivera à faire venir le printemps à Fontenay-aux-Roses bientôt !

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