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A quoi sert le marche européen de l’electricite ? A faire monter les prix !

J’ai dit que c’était une connerie, et je le pense toujours. ça n’a apporté aucun élément positif. ça a enrichi les distributeurs et augmenté la volatilité des prix…JM Jancovici, audition devant les députés, novembre 2022

Quand l’incertitude, le marché et l’Etat pompier pyromane se rencontrent

Le 14 septembre 2022 à l’Assemblée Nationale, M. Bruno Le Maire, ministre des Finances,  s’est réjoui d’avoir récupéré 19 milliards sur les bénéfices réalisés par les producteurs d’énergie renouvelable depuis que le prix de gros de l’électricité a explosé.

L’électricité d’origine éolienne semblerait donc enfin rentable et rapporterait des milliards à l’Etat, ce qui réjouit M. Le Maire. Il omet de dire que cette électricité n’est “rentable” que lorsque les consommateurs ne peuvent plus se l’offrir, tellement elle est chère !

 C’est ce prix astronomique, créé par le marché effrayé par l’incertitude du renouvelable et la pénurie possible de gaz, qui a justifié le bouclier tarifaire, subvention astucieuse versée au consommateur, et qui en même temps masque l’inflation.

Lorsque le prix du marché était bas les producteurs ont reçu pendant des années des millions sinon des milliards d’Euros

Apparemment, l’électricité renouvelable n’est jamais rentable, que le prix du MWh soit haut ou bas, il faut toujours subventionner quelqu’un, le producteur ou le consommateur…

Cette situation peut changer dans le futur mais l’intermittence donc l’incertitude, source de volatilité des prix, demeurera. On verra.

En attendant, on constate en vraie grandeur la réaction du marché quand un bien indispensable risque (ce n’est que probable) d’être produit en quantité peut-être insuffisante. Les prix explosent, les producteurs amassent des super profits ! Les clients ne peuvent plus payer. L’Etat intervient, mais c’est lui le responsable, il est complice de l’Europe qui a cassé un système qui marchait.

L’ouverture de l’électricité à la concurrence a accru l’incertitude et les risques de coupure

La CE (Communauté Européenne) a ouvert la production d’électricité à la concurrence, non pas pour corriger de prétendus défauts du système planifié antérieur, mais pour se conformer à l’idéologie libérale en laquelle elle croit : la concurrence libre et non faussée doit être partout. Elle a donc imposé le marché unique de l’électricité dans l’UE.

L’actualité de ce début Janvier m’oblige à dénoncer les mensonges éhontés de deux responsables politiques, Mme Wargon (CRE) et M. Le Maire, qui prétendent que si la France sortait du marché électrique européen, elle ne pourrait plus ni importer ni exporter d’électricité. C’est complètement faux. Les interconnexions existent depuis bien avant l’ouverture à la concurrence et la France a longtemps été une grande exportatrice d’électricité. Il n’y a que nos responsables politiques qui ne le sauraient pas ? Si c’est le cas, alors là où ils sont, ils ne sont pas à leur place…

Le résultat de cette ouverture nous le voyons aujourd’hui, est un désastre bien réel et pourtant prévisible : risque durable de coupures, prix astronomiques, infrastructure vieillissante et insuffisante, entreprises en défaut de paiement ou qui ferment en attendant des jours meilleurs, en fait improbables. Et ça a commencé AVANT la guerre en Ukraine.

Dès l’ouverture à la concurrence, les opérateurs ont fermé nombre de centrales jugées insuffisamment rentables. La sécurité d’approvisionnement fragilisée n’existe plus. Les risques de coupure surgissent, les marchés n’aiment pas l’incertitude… Résultat : envolée et volatilité des prix… Autour de 50 € jusqu’au printemps 2021, puis hausse en dents de scie pour frôler les 500 € début décembre 2022. Un rapport 10 ! (source RTE)

Mais il y a autre chose :

La CE est aveuglée par sa foi dans le renouvelable. Elle croit qu’un MW renouvelable installé est équivalent à 1 MW classique. C’est faux ! Le renouvelable est intermittent et l’intermittence coûte cher : en gaz si elle est compensée, en incertitude accrue, coupures voire blackout, si elle ne l’est pas.

Le problème de cette énergie à la disponibilité incertaine, est d’autant plus structurel et crucial que le renouvelable est subventionné. Les industriels, dans une économie libérale où la concurrence sévit, évitent les investissements de long terme, ou un peu risqués. Quoi de plus rentable et plus sûr, qu’un investissement dans un secteur subventionné et au débouché garanti comme l’électricité renouvelable ?

Outre la rente que ce modèle économique procure, il introduit un risque systémique dans le réseau électrique, déjà fragilisé par l’absence de marge. La CE avec son objectif des 3×20, impose en 2009 un objectif de 20% de renouvelable à échéance 2020, mais oublie son intermittence. La France dont les gouvernants n’ont aucune culture technique, se tire une balle dans le pied en se privant de son atout nucléaire sans le remplacer par autre chose. Le réseau, de plus en plus sous-dimensionné, vieillit, il est de moins en moins pilotable, de moins en moins prévisible, de plus en plus exposé au moindre aléa, les marchés s’inquiètent… Les prix montent.

L’incertitude et le marché rendent le prix de l’électricité fractal

Tant que le gaz pas cher arrivait en abondance de Russie, on savait compenser le renouvelable. C’est fini ! A présent on a tout juste assez de gaz et on le paye au prix fort. Patatras le prix de l’électricité suit. N’importe quel aléa aurait produit le même résultat, tant l’incertitude fait peur aux marchés. Le prix de l’électricité devient fractal. Mandelbrot a montré ce comportement avec le prix du coton. C’est le comportement normal et non exceptionnel de la formation du prix par les marchés. Une variance infinie ! Une baisse très faible (2, 3%) simplement probable des quantités attendues, provoque la multiplication par 10 ou 20 du prix… Nous ne vivons pas dans un monde linéaire !

C’est entre les consommateurs que la CE a introduit la concurrence…

L’électricité étant un bien indispensable, à la moindre alerte, les distributeurs se précipitent et se battent entre eux pour avoir leur dose. Les prix explosent. La concurrence ne se fait pas entre fournisseurs, mais entre consommateurs (j’y inclus les distributeurs et les industriels)…

Les producteurs privés n’ont aucun intérêt à investir, et se frottent les mains. Faut-il rappeler que le but de l’entreprise dans un monde capitaliste libéral, est de créer de la valeur, de l’argent pour l’actionnaireCe n’est pas un service public comme l’ancien EDF au temps du monopole, qui n’était pas là pour enrichir l’actionnaire, mais pour fournir au pays une électricité pas chère et abondante. Mais les temps ont changé ! Aujourd’hui les producteurs font des superprofits, que les Anglais, plus avisés que M. Le Maire, taxent grâce à une judicieuse “windfall tax”. (windfall = aubaine)

En France depuis des années, les nouveaux entrants exploitent l’aubaine de l’ARENH (Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique), en revendant cher une électricité quasi gratuite qu’EDF est obligé de leur fournir.

Cette organisation est en train de tuer EDF, d’enrichir indûment des distributeurs qui se comportent en parasites avec la complicité de nos gouvernants, et de faire monter le prix payé par le consommateur final, au-delà de toute limite. Et pour couronner le tout, les industriels pensent déjà à se délocaliser…

Le marché électrique européen est un FIASCO

Qui aura le courage de dire STOP ?

 Daniel Beaucourt, janvier 2023

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