(Article écrit à titre personnel et n’engage aucune association et aucun comité).
Le 5 septembre 2024, le comité Boucicaut a rencontré M. le Maire Laurent Vastel pour échanger sur sa vision de l’avenir de la rue Boucicaut. Le comité Boucicaut est un comité citoyen missionné par M. Vastel pour lui donner ses recommandations. Voici la vision qu’il a présentée, complétée par des éclairages de ma part.
La réunion était cordiale. La Ville a offert un buffet, qui a permis aux participants d’échanger et de mieux se connaître. Le maire a pu s’exprimer en détail, et les citoyens ont pu lui poser toutes les questions qu’ils voulaient. C’était un moment de démocratie de qualité, dont il faudrait beaucoup plus.
Sa vision revient à peu près à ne rien changer sauf le revêtement, en remplaçant quelques stationnements par de la végétation. Tout ça pour 2 millions d’euros. Pas de quoi en faire la rue apaisée, voire piétonne, qu’il nous avait promise en se faisant élire en 2020. Voici ce qu’il a dit au comité, suivi par mon analyse en italiques.
- Le réaménagement du mail Boucicaut : initialement il a proposé un projet ambitieux qui consistait à ouvrir le mail pour en faire un lieu plus accueillant. Pour rentabiliser l’opération, le maire avait proposé la construction d’un immeuble. Les propriétaires du mail (ce lieu n’est pas municipal) n’ont pas voulu de cet immeuble. Par conséquent le maire s’est vu contraint de laisser en place la configuration actuelle et d’enjoliver juste un peu la surface.
Commentaire : Pourquoi ne pas attendre qu’on ait plus d’argent pour aménager un cœur de ville plus accueillant ? Après 18 ans en centre-ville, je n’ai toujours pas compris ce dédale. Les magasins sont invisibles, introuvables et les allées sont vraiment désagréables. Il faut absolument faire le maximum pour changer cela au lieu d’utiliser nos impôts pour re reconduire la situation pour encore 20 ans.
- Améliorer l’offre commercial: l’entreprise Vallée Sud Développement va acheter des cellules commerciales pour pouvoir choisir le type de commerces qui s’implanteront sur notre territoire.
Excellent choix. Il évite que nos façades deviennent opaques comme les vitres masquées des banques et des assurances. Cela s’appelle des « façades passives » avec lesquelles on ne communique pas et qui rendent l’espace public froid et hostile.
- Promesse de piétonisation: après lui avoir rappelé sa promesse électorale « Piétonnisation partielle et progressive de la rue Boucicaut » il a répondu par une pirouette peu respectueuse : « ce n’était pas une promesse mais un objectif, c’est différent ».
C’est une manière de dire « mes promesses électorales n’engagent que vous, car je peux changer d’avis comme je veux. Si des gens votent pour moi grâce à ma promesse de piétonisation, ça ne veut pas dire que je vais le faire réellement ». Tout est dit : pensez-y en votant en 2026.
- Piétonniser la rue est impossible car:
« On continuera de rouler en voiture puisqu’il y a des familles avec 5 enfants qui ont besoin d’une voiture ».
En raisonnant de la sorte on ne pourra jamais rien piétonniser nulle part. Ce n’est pas une vision d’avenir, c’est condamner notre centre-ville à rester le lieu hostile qu’il est aujourd’hui. Evoquer toujours la famille nombreuse ou le sénior en fauteuil roulant pour ne rien changer est une manœuvre politique pour éviter d’apaiser notre ville et améliorer réellement son attractivité. C’est faire comme si dans les nombreuses rues piétonnes existantes n’habitent que des jeunes célibataires sans enfants, sans voiture et sans difficultés pour marcher. Alors que Sceaux juste à côté a déjà une rue piétonne depuis 1974 et que Clamart piétonnise actuellement son centre-ville. Ce qui gêne ici, c’est l’attitude de ne pas vouloir trouver des solutions.
« On a besoin de stationnement dans la rue car les garages d’aujourd’hui sont trop petits pour les SUV d’aujourd’hui ».
C’est faux : les habitants peuvent acheter des voitures plus petites qui rentrent dans leur garage. Le maire a le pouvoir d’attribuer l’espace public soit aux arbres, piétons et cyclistes, soit au stationnement subventionné pour quelques SUV. Le choix de M. Vastel est assumé : il veut attribuer notre espace commun à cet usage privé encombrant au lieu d’élargir les trottoirs ou de sécuriser le passage de vélos. C’est un choix avec lequel je suis en désaccord profond : l’avenir de nos enfants méritent mieux que cette vision d’une ville encombrée, motorisée et peu agréable pour les piétons (notamment les séniors) et les cyclistes.
« Il manque une diversité suffisante de l’offre commercial ».
Mais si le maire accepte de réduire le nombre de voitures qui passent et leur vitesse, la rue deviendra agréable et les clients viendront. Il refuse de le faire pour l’instant car il propose une rue large de 4 mètres, tout droite, sans plateaux et avec un trafic de transit conséquent. Pourtant une étude de l’ADEME montre que les citoyens sont généralement favorables à la réduction à la place de la voiture et que les élus sous-estiment cette évolution.
« Il manque du stationnement aux extrémités ».
Faux : il y a des parkings sous le marché, à la Cavée et tout autour. Il suffit de rendre le stationnement payant pour que les habitants qui le peuvent rentrent leurs voitures. La preuve : pendant le covid, l’avenue Dolivet était vide de voitures, car les habitants rentraient leurs voitures.
« Il manque la qualité de l’espace ».
Mais le projet d’une rue Boucicaut apaisé devra résoudre ce problème justement. Sauf que le maire préfère changer le revêtement (enjoliver uniquement) au lieu de réduire le transit automobile, ce qui rendrait l’espace vraiment qualitatif et agréable.
- On ne peut pas dévier le trafic de transit vers Dolivet/Pierrelais :« car on ne peut pas installer un checkpoint avec un policier qui demande qui va où.
Il caricature. On peut faire plein de choses. On peut mettre des panneaux « centre » et « Châtillon/Clamart », supprimer le raccourci sur Waze, mettre un panneau « interdit sauf riverains », rendre la rue moins évidente en voiture, etc. Mais M. Vastel ne se met pas en mode « solution » car électoralement c’est plus « safe » et facile pour lui de ne rien changer sauf la couleur du revêtement.
car c’est « trop loin ».
Les automobilistes sont capables de marcher du marché à la rue Boucicaut. Le problème est plutôt le courage politique d’imposer cela, ce qui serait bénéfique pour tout le monde, y compris pour la réputation du maire. C’est pour cela qu’aujourd’hui les gens font leurs courses à Sceaux et bientôt à Clamart, où ils doivent marcher pour se garer mais où ils profitent d’une rue de qualité. Même à Vélizy 2 les automobilistes doivent marcher beaucoup plus pour atteindre les magasins qu’entre le parking du marché et la rue Boucicaut.
car il faut l’accès en voiture pour les garagistes et le parking Carrefour et des cabinets médicaux.
Une rue piétonne peut se gérer avec des bornes, comme à Saint-Denis. C’est une question de volonté. C’est l’attitude fermée du maire qui est gênante, basée sur de faux arguments. Oui, c’est compliqué et c’est du travail de trouver des solutions pour réaliser sa promesse de piétonnisation, mais c’est pour cela que M. Vastel a été élu. Une promesse (de piétonniser partiellement) est une promesse.
- Les commerçants ont besoin du transit automobile car c’est comme ça que l’automobilise repère les magasins et fait des achats d’opportunité.
Sinon aucun commerce ne pourrait exister dans une rue piétonne. La quasi-majorité des automobilistes ne fait que traverser la rue Boucicaut au lieu de passer par Dolivet/Pierrelais. Les quelques automobilistes qui arrivent à s’y garer pour faire un achat d’opportunité (« tiens, je m’arrête pour acheter une bouteille ») ne pourront pas compenser le nombre de clients qui viendront une fois que la rue sera agréable. Pour preuve, je cite une participante du Comité Boucicaut qui explique pourquoi personne ne va dans cette rue par plaisir :
« En tant que piétonne et mère de famille j’emploie quasi-exclusivement l’itinéraire que vous évoquez (rue La Boissière et ruelle de la Demi-Lune ou le parc) et demande à mes enfants d’en faire autant pour aller à leurs activités. La raison est simple : la rue Boucicaut dans son état actuel rend désagréable et mal sécurisé le trajet piéton, coincé entre des stationnements de voitures (de plus en plus volumineuses) et camionnettes, les poubelles et lampadaires, sans même parler des scooters de livraison sur les trottoirs. Donc, je n’y vais que contrainte par un besoin précis et n’y flâne jamais. »
- On ne peut pas faire respecter les 20 km/h car les policiers sont humains et n’aiment pas verbaliser. Par contre ok pour un radar verbalisateur.
Faux, les policiers sont des humains qui savent appliquer leurs consignes. Mais allons-y donc pour mettre un radar qui verbalise. Mais que vaudrait une telle promesse vu cet échange ? Est-ce une promesse qu’il est censé tenir ou de nouveau un objectif qui n’engage à rien ? - On ne peut pas mettre une chicane devant la boulangerie « L’Etoile du berger » car le bus est trop grand. Par contre ok pour rétrécir la rue.
Encore une fois c’est l’attitude passive qui est gênante : au lieu de dire « essayons », M. Vastel fait comme s’il a déjà essayé, ce qui n’est sûrement pas le cas. Bref le désir d’agir et d’impliquer le citoyen réellement dans le projet n’est pas présente et c’est le cœur du problème. C’est ce qui avait mobilisé les citoyens le 9 mars pour manifester contre le manque de consultation pour le projet pour leur cœur de ville.
Pour réagir ou pour donner votre avis pour être pris en compte dans le rapport du comité, écrivez à steinvanoosteren@hotmail.com
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