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Cyclistes d’Île-de-France : pied à terre à Fontenay-aux-Roses ?

Le 24 avril 2024, le Département des Hauts-de-Seine a présenté au public le projet d’une piste cyclable régionale du réseau VIF (Vélo Île-de-France) sur la commune de Fontenay-aux-Roses. Vu la vision du vélo du maire L. Vastel, le projet risquait d’être incompatible avec le vélo. Le projet l’a hélas confirmé : à la stupéfaction des habitants, la piste proposée est coupée sur 70% du trajet. Faudra-t-il prévenir les cyclistes en Île-de-France qu’ils devront mettre le pied à terre à l’entrée de Fontenay-aux-Roses ? Voici le bilan de la réunion et les étapes suivantes.

Pourquoi cette piste est-elle si importante ?

Il ne s’agit pas d’une piste cyclable quelconque, mais de l’une des onze pistes du réseau cyclable régional VIF. Fontenay-aux-Roses a la chance d’être traversée par l’une de ces onze lignes, à savoir la V8 entre Paris et Plaisir (78).

Pourquoi le projet proposé est-il problématique ?

Le projet ne sécurise l’usager à vélo que sur un sens, le sens sud-nord. Dans l’autre sens l’usager à vélo reste sans aucune sécurité sur 70% du trajet, comme aujourd’hui. Cette coupure annule l’intérêt de toute la ligne, car l’intérêt d’une piste cyclable – comme celui d’un trottoir, d’une route ou d’un rail – dépend entièrement de sa continuité. Cette coupure inacceptable maintient le danger auquel sont exposés actuellement les usagers à vélo sur cet itinéraire, qui se font frôler dangereusement comme le montre cette vidéo. Elle empêchera 85% de la population même d’envisager l’usage du vélo.

Photo : La situation actuelle de l’usager à vélo sur la RD63, qui cohabite avec des camions.

Pourquoi la présentation du projet est-elle problématique ?

D’abord la plaquette présentait « 1,6 km de pistes cyclables continues », ce qui est faux car les pistes sont au contraire discontinues sur 70% du trajet. Deuxièmement, la présentation du projet fait croire que l’habitant doit choisir entre les arbres et la sécurité à vélo : « Le projet de piste bidirectionnelle aurait commandé de retirer 60 arbres ». C’est encore faux : les experts du Collectif Vélo Île-de-France ont élaboré une configuration qui permet d’assurer la sécurité des usagers à vélo dans les deux sens sans couper d’arbres.

Pourquoi le département fait-il croire qu’il faut choisir entre arbres ou la piste ?

Le Département, lui, souhaite une piste cyclable continue. Mais le maire, qui veut être réélu en 2026, préfère mettre les usagers à vélo en danger que toucher au stationnement. Si on veut sécuriser l’itinéraire vélo sans toucher aux arbres, il faudra cependant supprimer des places de stationnement. La solution existe : il suffit de retourner six ans en arrière. En effet, en 2018 le maire a ajouté ex nihilo 25 places de stationnement en supprimant un couloir de bus au lieu d’en profiter pour sécuriser le vélo. Avec le projet régional du VIF, le moment d’utiliser cet espace pour sécuriser le vélo est venu. Surtout que sur l’avenue Jean Moulin il n’y a quasiment que des pavillons équipés de garages ou d’un terrain où stationner sa voiture.

Qu’est-ce que le maire a dit pendant la réunion ?

Le maire a répété trois messages : « Le projet relève du département pas de moi, je dois contenter tout le monde, et ce projet est un bon compromis ». Le message a l’air sympathique et raisonnable. Mais il cache le fait qu’en réalité c’est lui qui impose une coupure pour le vélo en faisant croire que c’est inévitable pour sauver des arbres. C’est faux : il peut très bien valider une piste bidirectionnelle sécurisé dans les deux sens. Ce qui serait conforme à la politique de notre Département et de notre Territoire, qui ont identifié la RD63 comme un axe stratégique à rendre cyclable dans leurs plans vélo respectifs.

Qu’est-ce que les habitants ont dit ?

Les 4 rapporteurs du Département ont dit à la fin que les habitants considèrent la coupure proposée inacceptable. Ils souhaitent une piste bidirectionnelle continue, avec éventuellement des déviations mineures sans ajouter du relief. Ils ont repris les arguments du Département même. Premièrement, refaire une route sans créer un itinéraire cyclable dans les deux sens est tout simplement illégal conformément à la loi LOM. Deuxièmement, les pistes du réseau VIF doivent appliquer un cahier des charges stricte. Il y a 4 choix : deux pistes unidirectionnelles, une piste bidirectionnelle, une voie verte ou une zone de rencontre (ici), toutes continues bien sûr. La voie verte n’est pas une option, car le but du Département est justement de sortir les vélotafeurs de la Coulée Verte car la cohabitation avec les piétons est devenue problématique. La zone de rencontre n’est pas une option non plus, car le flux de voitures est trois fois trop élevé pour mélanger des voitures avec les vélos (12.000 véhicules par jour).

Que penser du débat entre le maire et les habitants ?

Contrairement à ce que le maire a dit, un itinéraire avec des coupures n’est en aucun cas un « bon compromis ». Un habitant a dit qu’il ne viendrait pas à l’esprit du maire de proposer une route départementale avec quelques gros trous dedans, à quoi un maire adjoint a répondu que c’était une caricature. Mais la réalité est l’inverse : c’est le projet de la piste dite « à haut niveau de service » interrompue lui-même qui est une caricature.

Comment a réagi la mairie ?

Heureusement, dans le plus grand cahier vélo de l’histoire du Fontenay MAG paru en mai 2024, le conseiller M. Houcini a exprimé son inquiétude. Il confirme qu’à Fontenay-aux-Roses « sont exclus [du vélo] : les personnes en situation de handicap, les enfants, les personnes âgées et toutes celles qui craignent la cohabitation forcée avec les véhicules motorisés ». Il confirme la volonté de la Ville de résoudre la discontinuité : « L’objectif est de satisfaire la fluidité et la continuité cyclable des itinéraires pour garantir la sécurité des cyclistes ». C’est désormais au maire L. Vastel de décider s’il souhaite réellement « satisfaire la continuité cyclable » et accueillir le réseau VIF comme il l’a promis lors des élections municipales (2020) et départementales (2021). Ou préféra-t-il au contraire poser un panneau « Cyclistes d’Île-de-France pied à terre à Fontenay-aux-Roses » à l’entrée de la ville ?

Quelle est l’étape suivante ?

Le Département va maintenant revoir le projet et proposera une version modifiée ultérieurement. En attendant la décision du maire de Fontenay-aux-Roses, l’observatoire du VIF n’affiche plus de blocage à Fontenay-aux-Roses, en espérant que M. Vastel décidera finalement d’intégrer le VIF dans les règles de l’art, comme il l’a promis dans son programme électoral. D’ici à la présentation du projet amendé, nous resterons mobilisés pour éviter que Fontenay-aux-Roses reste une zone blanche pour le vélo en Île-de-France.

Informations complémentaires :

  • Un fil sur X démontrant que la RD63 peut être rendue cyclable en redistribuant l’espace de manière plus équitable : ici.
  • Compte-rendu d’un citoyen de la réunion public du 24 avril 2024 sur le projet de la ligne V8 : ici.
  • Toutes les slides de la réunion publique sont à consulter dans ce fil sur X : ici.

Stein Van Oosteren

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