Fontenay-aux-Roses : le climat ? On s’en fout !

Depuis que le maire M. Laurent Vastel a arrêté la vidéodiffusion des débats au Conseil Municipal, je suis obligé d’y aller pour voir ce qu’il décide pour notre avenir (pétition ici). Ces débats sont éprouvants, ça dure de 19h30 jusqu’à 2 heures du matin. Mais c’est utile. Quand on voit les visages, on comprend mieux. On sent mieux ce qu’il y a derrière les mots. Dans ce témoignage du Conseil Municipal du 7 décembre 2023, je vous raconte comment l’avenir de notre ville est décidé dans cet endroit. J’espère provoquer un sursaut chez notre jeunesse.

Le projet

Je me limiterai à un seul sujet, qui est emblématique de la politique de construction de Laurent Vastel et de beaucoup d’autres maires sur notre Territoire. Il s’agit de la destruction du gymnase Jean Fournier au 7 rue des Potiers. Comme ce gymnase est une passoire thermique, le maire veut le remplacer par un autre. Et comme il faut densifier la ville, le maire veut en profiter pour rajouter 178 logements (vous lisez bien). Voici le projet :

Ce qui m’a choqué sont trois choses.

1/ Le climat ? On s’en fout

J’étais choqué car ce projet illustre de nouveau le refus assumé de M. Vastel d’agir sérieusement contre le réchauffement climatique. Pour cette raison, Gilles Mergy (Ateliers Fontenaisiens) et Pauline Le Fur (Parti Socialiste) ont voté contre ce projet climaticide. Ils ont expliqué qu’en 2023 il n’est plus possible d’appliquer systématiquement l’ancienne méthode de « raser et de reconstruire », car elle est trop polluante. Nous devons privilégier la rénovation, car la construction d’un immeuble neuf consomme 70 fois plus de matériaux et émet 5 fois plus de gaz à effet de serre qu’une réhabilitation (source ici). M. Vastel, en revanche, vise tranquillement une augmentation massive de nos émissions, alors que la Stratégie Nationale Bas Carbone nous oblige à diminuer les émissions du secteur de construction de 95% d’ici à 2050 !

Ce qui m’a sidéré est que M. Vastel ait oser expliquer que c’était le seul projet possible sans répondre à aucun moment sur la question du climat. Il a répondu simplement que vendre le terrain municipal à un promoteur privé rapporte plusieurs millions d’euros à la ville, fin de réponse. Il est tellement évident pour lui qu’un chèque d’argent contre un terrain municipal ne se refuse pas, que pour lui ce n’était même pas la peine de rappeler notre obligation de changer notre mode de construire ! Lui, qui est proche de sa retraite, vend littéralement l’avenir de nos enfants qui auront son âge en 2080 en échange d’une planète en ébullition à cause de lui.

J’espère que ce constat donne envie aux jeunes de participer à la politique fontenaisienne. Car il n’y a quasiment pas de trentenaires dans la salle du Conseil Municipal. Pourtant cette génération est appelée au secours. Car leur avenir est en train d’être bradé contre un chèque de promoteurs qui dispense M. Vastel de réfléchir à une réhabilitation nécessairement plus complexe.

Souci annexe : comment notre sol va-t-il absorber l’excès de précipitations que le réchauffement climatique provoquera ? Pas de réponse non plus. Au contraire. Le projet artificialise des sols pour attirer plus de voitures. M. Vastel ajoute 37 places de parking pour le gymnase, où il est impossible de se rendre à vélo en sécurité à cause de sa politique anti-vélo. L’incohérence est totale : il dit que les commerçants de la rue Boucicaut ont tort de se garer dans la rue Boucicaut, mais crée 10 places de parking pour les employés pour les 3 commerces que prévoit le projet ! On marche sur la tête.

2/ Notre patrimoine ? On s’en fout.

Dans un plaidoyer remarquable, Pauline Le Fur a défendu l’importance de préserver notre patrimoine qui exprime l’identité de notre ville. Elle a demandé pourquoi le pavillon monumental au 14 avenue Lombart est détruit au lieu d’être rénové. Voici le pavillon qui sera détruit :

Ce patrimoine et cet espace vert seront remplacés par une série d’immeubles qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux qui sortent de terre partout à Vallée Sud – Grand Paris. Des immeubles qui semblent tous sortis du même magasin de maquettes :

Le maire adjoint Dominique Lafon prend alors la parole pour répéter le discours du maire. Il ajoute juste que ce sont des projets très complexes et que « une fois sur le terrain on se rend compte que finalement on peut difficilement faire autrement ». Bref, c’est sa parole contre celle des générations futures. « Désolé les enfants de 2080, on ne pouvait pas faire autrement car c’était trop complexe. Il n’y avait pas de place pour le vélo non plus d’ailleurs. Impossible ».

Image : Laurent Vastel et Dominique Lafon qui préparent 2080.

3/ La démocratie participative ? On s’en fout.

Ce qui m’a choqué le plus n’est pas le refus de M. Vastel de préserver notre climat, biodiversité et patrimoine, mais le fait qu’il le fasse en cachette, sans nous laisser la possibilité d’intervenir. C’est vraiment par obligation qu’il évoque le projet en Conseil Municipal, où 8 conseillers de l’opposition n’ont aucune chance contre les 27 votes de la majorité. A aucun moment l’avis des Fontenaisiens n’a été demandé.

Même le projet du cœur de notre ville – la rénovation de la rue Boucicaut – n’a été évoqué que rapidement lors d’une réunion publique le 20 novembre dernier. Aucune information n’est disponible sur internet. Le Fontenayscope, le local devant la marie qui est toujours vide, est censé être ouvert le samedi matin pour voir 4 images du projet. Mais en réalité il faut avoir la chance d’y trouver la porte ouverte. Samedi dernier, le local n’a été ouvert que de 10h jusqu’à 11h15.

Il sera plus utile que l’ensemble des Fontenaisiens se demande en âme et conscience : est-ce que je veux une ville qui respecte le climat, notre patrimoine, la démocratie et l’avenir de nos enfants ? Si oui, il est indispensable que M. Vastel change radicalement de politique et se mette à écouter les citoyens au lieu de leur imposer des projets sans leur implication réelle.

Image : La délibération contre laquelle l’opposition a voté.

Stein Van Oosteren