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Marché : Confinés ou espace confiné ?

Le maire de Fontenay-aux-Roses vient de prendre un arrêté afin d’empêcher toute vente de denrées sur l’espace public. D’après les services municipaux, cet arrêté a aussi pour effet d’interdire la distribution des légumes de l’AMAP (la Farigoule) à l’extérieur et impose donc à l’association d’effectuer la distribution à l’intérieur, en milieu confiné. Il y a manifestement une mauvaise interprétation de la notion de confinement : l’intérêt (majeur et vital) du confinement imposé à la population est de limiter au minimum les contacts entre individus, de manière à limiter et à freiner la propagation de l’épidémie.

Le bon confinement est celui qui consiste à n’être en présence que de quelques personnes, toujours les mêmes. Le fait de rester chez soi (confinement) n’est qu’un moyen de limiter ces contacts ; l’intérêt n’est pas en tant que tel de rester enfermé chez soi mais d’avoir le minimum de contacts !

Le mauvais confinement est celui qui consiste à mettre, dans un même local, de nombreuses personnes étrangères les unes aux autres qui peuvent potentiellement se contaminer en se croisant dans une atmosphère mal ventilée.

Nous sommes certes dans une période où l’urgence vitale collective est telle qu’on peut suspendre certaines activités économiques. Toutefois, la vente de denrées alimentaires est une nécessité première et reste autorisée. Les autorités ont même considéré que les banques, quincailleries et bureaux de tabac pouvaient rester ouverts… La question de la vente d’aliments ne se pose donc pas. Reste à voir comment l’organiser de la manière la moins risquée. Les livraisons à domicile ou dans des espaces dédiés (« drives »), faites avec beaucoup de précautions (sans aucun contact direct), peuvent être une bonne solution. Le plus souvent, les courses sont faites dans des supermarchés, avec souvent la présence de nombreux clients qui se croisent, de nombreux contacts indirects et en milieu confiné (rappelez-vous : le mauvais confinement…) Au passage, un grand merci à tous les commerçants, caissiers, livreurs, professionnels de l’alimentation… de continuer à nous approvisionner !

Lors d’une distribution (et non vente) de l’AMAP, depuis la mise en place des mesures de confinement national, les paniers de légumes sont déjà préparés à l’avance, ce qui limite la manipulation et les contacts.  En outre, les distributeurs de l’AMAP sont protégés et protègent les autres par des masques et des gants. Le contact direct est donc nul et le contact indirect est minimal (une personne met à disposition le panier à une personne, sans la toucher). Cette manipulation est très protégée et justifiés par la nécessité de s’alimenter. La distribution est donc clairement moins à risque que de faire ses courses au supermarché.

En outre, une distribution à l’intérieur augmente le risque pour trois raisons : tout d’abord, il y a davantage de risques de croisements entre individus ; ensuite, il y a moins de place pour que les membres restent éloignés les uns des autres ; enfin, réunir des individus dans un espace confiné sans ventilation spécifique majore le risque de transmission par aérosols entre individus. En l’occurrence, la notion de confinement est mal comprise…

En résumé, laisser faire une distribution de panier à l’extérieur minimiserait le risque. C’est bien dommage de l’interdire !

De même, la municipalité de Fontenay-aux-Roses a décidé d’interdire complétement la vente par les commerçants du marché dans l’espace public. Mais pourquoi ne pas autoriser le marché à fonctionner à condition d’adapter les modalités ? On pourrait pourtant organiser un système de commandes-livraisons au pied du camion, en extérieur. Les habitants seraient heureux de continuer à avoir des produits frais, les commerçants de pouvoir continuer à vivre de leur travail et la santé publique serait moins compromise par de tels circuits plus adaptés. C’est ce qui est fait à Sceaux et au Plessis-Robinson où des « drives » sont organisés avec les commerçants du marché.

Emmanuel Durand, professeur de médecine.

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