Proche du Parti socialiste, Thomas Piketty participe à la commission économique du PS de 1995 à 1997 et est membre du comité d’orientation scientifique de l’Association « À gauche en Europe ». Il participe à des travaux de La France Insoumise et il écrit des livres sur l’économie et la sociologie …
Dans son dernier ouvrage, T.Piketty, économiste, professeur, homme de gauche, proche de J-L Mélenchon, a analysé, entre autres sujets, la corrélation entre la richesse d’une commune et le taux de vote pour les candidats « Verts ».
En synthèse, pour les dernières élections présidentielles de 2022, si la moyenne nationale globale de vote pour les Verts (4.63% des voix), est représentée par l’indice 100, T. Piketty indique que le coefficient minorateur-majorateur selon la richesse des villes (villes classées en 10 déciles des plus pauvres aux plus riches) varie considérablement :
(La reproduction du tableau est autorisée par l’auteur TP).
« D1 » représente le premier décile en regroupement des communes les plus pauvres et « D10 » (flèche rouge), celui des villes les plus riches. « Top5% » et « Top1% » représentant les 5% et les 1% des communes les plus riches.
Si on regarde la verticale D10, le constat est net : c’est avec ces 10% des villes les plus riches (et le Top 5) que les Verts réalisent leur maximum de voix (ici en %) tandis que, dans les déciles de gens économiquement plus faibles (D1 à D5), le vote pour les Verts est inférieur à leur moyenne nationale (indice 100).
Thomas Piketty écrit ce qui apparait clairement dans son graphique : « le vote pour les candidats écologiques est généralement une fonction croissante du revenu communal … ». Comme l’indique le tableau ci-après, lors de ces élections présidentielles de 2022, le Vert Yannick Jadot a réalisé son meilleur score dans les métropoles avec déroute dans les villages ruraux ; pour son résultat moyen indicé « 100 » au niveau national, déjà mentionné (avec 4.63% des voix), son indice de voix monte à 130 en métropoles mais tombe à 90 en villages. Dit autrement, Y. Jadot réalise 45% de plus en métropoles (130/90) qu’en zones de villages.
En clair, plus une commune est riche, plus elle vote pour les écologistes, cette situation permanente perdurant au niveau des élections présidentielles depuis Dumont en 1974 mais ce phénomène ne fait que s’accentuer : Waechter en 1988 ou Voynet en 1995 réalisaient grosso-modo le même score en tout type de territoire (villes et campagnes) tandis que Joly en 2012 ou Jadot en 2022 priment en métropole, la tendance étant particulièrement nette. En synthèse, les Verts semblent représenter l’écologie du Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne en XVIème arrondissement de Paris !!!
Ces statistiques ne font que confirmer ce que nous savions déjà à la seule vue du nom des villes ayant élu un maire Vert ou fortement appuyées sur les Verts : Paris (participation EELV), Bordeaux (maire Vert), Grenoble (maire Vert).
Globalement, les électeurs populaires et les « Français-moyens » ont compris et ne donnent que peu de voix aux Verts :
Le vote « à gauche » (Roussel plus qu’Hidalgo) est globalement plus lié (en inversement) au revenu et de manière générale, à l’inverse des Verts, et diminue généralement avec l’enrichissement des Villes (après impact du vote communiste et d’extrême gauche, le seul vote Socialiste appelant question) :
En clair, parler de proximité politique entre « Verts » (généralement issus de villes riches) et « partis de gauche » (surtout présents dans les déciles les plus pauvres D1-D7) mérite réflexion car les populations intéressées ne semblent pas être les mêmes ….
Monsieur Candide : Avant de parler de Fontenay, quelles conséquences au niveau national ?
Piketty montre que les Verts, très majoritairement, ne sont pas des gens vivant en campagne profonde, tirant leurs revenus de productions agricoles … mais représentent des « bobos » citadins n’ayant qu’un contact intellectuel et lointain avec la nature et se regroupant dans des communes aisées. Entre rats des villes et rats des champs, ils ne connaissent, souvent, que les premiers renommés par eux : « super-mulots » … alors que les Français et les électeurs préfèrent les chats !
En clair, pour beaucoup, les Verts vivent majoritairement en centre-ville de Paris, Grenoble, Bordeaux et autres villes à la fois centrales et riches. Déconnectés de la vraie vie et de la fin du mois ???
Respectons cependant les exceptions peu nombreuses et l’authenticité des quelques rares vrais amoureux actifs au bénéfice de la nature.
Monsieur Candide : Quelles conséquences sur leur programme ?
Dramatique ! ces « bobos » de centre-ville ne prennent que des décisions favorables aux « bobos » de centre-ville :
- Interdiction aux pauvres d’utiliser leurs vieilles voitures pour venir en ville même s’ils n’ont pas les moyens d’en acheter une autre et même s’ils vivent loin des villes et métropoles où se trouvent emplois, écoles, universités et médecins …
- Volonté de développer les ZFE, Zones à Faible Emission, où la venue en automobile sera progressivement interdite sauf à posséder une voiture récente ou à payer une autorisation d’accès. D’où la redéfinition du sigle ZFE qui est maintenant vu comme Zones à Forte Exclusion!
- Priorité absolue aux vélos ce qui ne pose aucun problème au Parisien du XVIème qui travaille dans le VIIIème ou aux jeunes de 20-40 ans quel que soit leur lieu d’habitation … mais déplacement légèrement plus problématique pour le résident de grande banlieue plus âgé qui doit venir travailler tôt à la Défense …
- Volonté d’interdiction de louer des logements non réhabilités sans dire qui doit payer et dans quels délais … Dans l’attente, dehors !!! Le nombre de personnes sans domicile a doublé en 10 ans en France, selon la Fondation Abbé Pierre, et le parc en location privée est déjà en baisse marquée.
- Cette approche aurait évidemment besoin d’être nuancée mais les aspects sociaux (ou plutôt non-sociaux) apparaissent clairement
Monsieur Candide : Quelles conséquences pour Fontenay ?
On retrouve, évidemment, la logique « richesse des villes / % des voix de Jadot » dans les villes de la région : dans les villes riches, on vote Jadot plus facilement :
Revenons à Fontenay :
Fontenay n’est pas une ville « bobo » et le revenu fiscal médian, limité, est en baisse (seule ville de Vallée Sud Grand Paris VSGP connaissant une telle évolution négative) : malgré l’inflation, le revenu médian mesuré par l’INSEE a baissé entre les millésimes 2013 et 2018 (millésime 2018 = moyenne des cinq années 2016-2020).
En conséquence, l’objectif politique pour Fontenay doit être défini en prenant en compte tous les aspects sociaux d’une ville de banlieue et non une approche « bobo » élitiste. Nous ne sommes pas à Paris !
Concrètement, la création de pistes cyclables ne constitue pas la première priorité. Il faut prendre en compte que la population qui vieillit, qui travaille parfois assez loin, qui doit amener les enfants à l’école, transporter telles ou telles choses, …. sous la pluie, sous la neige, tôt le matin ou tard le soir avec une lumière diurne éventuellement limitée, avec arthrose ou autres problèmes, … ne peut que marginalement le faire en vélo ! 39.5% utilisent, majoritairement par nécessité, une voiture (2 €/Litre de carburant) et 4.4% un deux-roues motorisé. Malgré les progrès récents, les transports en commun sont peu adaptés aux communications entre banlieues ou pour les communes de la grande périphérie. Seul le transport Banlieue-Paris est couvert mais principalement pour la première couronne. Les chiffres pour Fontenay sont parlants :
Les aspects sécurité et hygiène (punaises de lit) ne font que compliquer le problème.
A Fontenay même, la personne âgée qui vient faire ses courses en centre-ville ne peut (souvent) pas le faire en vélo compte tenu des conséquences physiques de l’âge, du poids des achats et des pentes de la ville (100 mètres de dénivelé). Dans ce cadre, se moquer des besoins de parking en centre-ville est inacceptable !
-La mise à niveau des immeubles doit être repensée ; la « réhabilitation » thermique ne corrigera pas le fait que la majorité des immeubles de Fontenay sont en R+4 sans ascenseur avec une population qui vieillit … En clair, de nombreux Fontenaisiens, diminués avec l’âge, incapables de monter 3 ou 4 étages à pied, …, ne peuvent plus sortir de chez eux.
-La Zéro-Artificialisation-Nette des-Sols (ZAN) et la non-construction en ville sont incompatibles sauf à admettre que l’on ne construit plus et que les demandeurs de logements et nouveaux arrivants vivront dans la rue … sans parler des conséquences en matière de construction de lieux de travail, d’emploi, de transport, … et donc de la vie des gens non-CSP++. Pour le respect de TOUS, nous assumons de maintenir que personne ne doit vivre loin des transports en commun mais, de plus, pas à plus de 50km d’une autoroute.
Toujours à Fontenay, le refus par les Verts de reconstruire les Blagis (833 immeubles logements sociaux, tous PLAI, non aux normes, ne pouvant être adaptés aux PMR Population à Mobilité Réduite, sans possibilités d’installer des ascenseurs, sans aucune mixité sociale, … relève de cette approche de sectarisme social, approche caractéristique des opposants de la rue des Potiers : « ils vont modifier ma vue » ; « Faites quelques logements en moins pour les éloigner de nous », … Une HONTE !
En synthèse, reconstruisons des logements aux normes techniques et sociales actuelles et ne prenons pas le vélo comme la solution géniale et globale !
En synthèse : dans l’approche écologique plus que nécessaire, pour l’ensemble des citoyens, il faut prendre en compte, concrètement, tous ces aspects sociaux et réels pour le futur de Fontenay.
Amicalement à tous.
Jean-Michel Durand
Ancien maire-adjoint aux
Finances et Logements-Sociaux
2014-2020
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Merci pour cet article qui illumine de façon éclatante ce que je supposais dans la pénombre de mon petit réduit à la lecture des actualités émanant de la branche écologiste. Il est réconfortant d’apprendre que l’on n’est pas seul à douter et surtout que l’on n’est pas totalement un crétin comme ces mêmes voudraient nous le faire croire.
Très cordialement.