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Incendies à Fontenay aux Roses : Sécurité, topographie et urbanisme – 4 ème partie

Monsieur Candide : Vous avez écrit cette phrase le 8 février, quelques heures avant un nouvel incendie à Fontenay : « L’écart entre réhabilitation de l’ancien et construction de neuf se mesure principalement en termes de sécurité. ».  Je constate qu’il y a eu trois feux en quelques jours (2 en centre-ville, 1 à Scarron) dont un après votre publication prémonitoire et cinq en une période de quelques mois. Votre analyse ?

Le détail des incendies est celui-ci (hors feux de voitures) :

  • 3 feux en 3 semaines en janvier-février 2023
  • Sur 5 feux, 2 fois 2 aux mêmes endroits (2 à Scarron même immeuble, 2 rue Boucicaut à 50 mètres l’un de l’autre)
  • Aucun feu ne se situe à l’heure d’un repas >> (feux peu liés, a priori, à la cuisine ?)
  • Périodes de températures extérieures peu froides (feux peu liés, a priori, au chauffage ?)
  • Habitat ancien dans les cinq cas

  • Ces 5 feux intéressent des rues étroites
  • 3 à sens unique, 2 à double-voie,
  • 1 seul feu avec grande artère à proximité.

En synthèse, ces feux (hors celui de la boutique) :

  • intéressent des immeubles d’habitation plutôt anciens en zone dense et d’accès difficile
  • ne concernent pas des immeubles modernes (il y en a peu à Fontenay)
  • ne concernent pas des pavillons
  • pourraient connaître différentes origines

Dans les 4 cas (hors celui du commerce), il reste à contrôler l’état du bâtiment après le feu et une température de quelques centaines de degré.

A titre d’exemple, ici, suite à l’un des cinq feux, le béton armé présente des faiblesses. Rappelons que, en règle générale, le principe du béton-armé veut que le ciment-béton résiste à la pression tandis que le fer résiste à la traction >> d’où travail en symbiose : ici, après l’incendie, le fer, surchauffé, s’est « désolidarisé » du ciment (à confirmer par les experts).  Quelqu’un a jugé opportun de mettre un étai.

Monsieur Candide : les causes de ces incendies ?

Il est normal que quelqu’un aux Blagis, pour étreindre le feu, ait confondu à 3-5 heures du matin une bouteille de White-Spirit avec de l’eau. C’est normal.

Le point chaud à risque d’une pizzeria est son four. Mais on voit mal pourquoi, sur le Mail Boucicaut, ce four aurait été allumé à 4 ou 6 heures du matin dans ce lieu désert sans passage durant la nuit, situé sur une dalle où aucun véhicule, pas même de police ne peut passer. Ceci étant, qu’il y ait eu un feu, c’est normal !

Les calculs de probabilité démontrent clairement qu’il est normal, statistiquement que, quelques jours après, il y ait un autre feu à 50 mètres du premier.  C’est normal !

Il est d’ailleurs également normal statistiquement, que, à Scarron, deux feux aient eu lieu dans le même immeuble, … en quelques mois avec deux morts, en dehors de l’heure des repas. L’aspect quasi-inaccessible du quartier et la rue en impasse ont compliqué l’arrivée des secours et c’est là qu’est le problème. A part cet aspect, tout est normal !

Que tout cela ait eu lieu dans des bâtiments anciens à Fontenay est normal, quasiment rien, en immobilier fontenaisien, n’a moins de 50-60 ans.
Que le risque incendie dans ces vieux bâtiments ait été parfaitement géré, c’est certain !
En résumé, en pensant aux deux victimes, dans ces cinq incendies, statistiquement, rien n’attire mon attention. Tout est normal !

Le lecteur aura compris le contenu de mon message en filigrane ! Fontenay paye ici la conséquence

  • D’une politique immobilière visant à l’immobilité et
  • Du développement éventuel d’un commerce « spécifique » demandant l’emploi d’une source de chaleur.

Monsieur Candide : Le titre de nos articles relatifs aux incendies à Fontenay fait allusion à l’urbanisme. Comment lier urbanisme et incendies ?

Les trois derniers feux ont eu lieu en quelques jours, 5 en quelques mois. Faut-il craindre que les mêmes causes ne créent les mêmes effets ?

Parlons des Blagis et regardons les problèmes :

Aujourd’hui : Zone d’immeubles en majorité de quatre étages, un de 10-12 étages, tous similaires, longs, favorables à la propagation des incendies.

Demain : Le projet en construction découpe l’ensemble en petits immeubles séparés, indépendants.

Aujourd’hui : Risque :  fenêtres en continuité, pas de balcons :

Le moindre feu dans un appartement s’étendra aux étages supérieurs et latéraux sans aucun obstacle en maçonnerie pouvant servir de frein à la propagation (pas de balcons, pas de séparation physique des cages d’escalier par des espaces vides).

Insistons : ce feu déjà de taille significative a eu lieu en pleine nuit ; ce même feu à 18h en plein embouteillage, les pompiers mettent trois ou quatre minutes de plus à arriver, combien de morts ?  

Pas de balcon signifie :

Pas de refuge pour permettre aux gens de s’écarter des flammes et de respirer

Pas de frein à la propagation du feu par l’extérieur :

Escaliers :

En fonction de la réglementation (obligations variables selon la classe des immeubles), la protection des escaliers et des ascenseurs par encloisonnement ou par ouverture à l’air libre de la cage, s’oppose à la propagation du feu vers les étages supérieurs et permet l’évacuation des personnes à l’abri des fumées et des gaz.

L’ évacuation par les résidents ou le sauvetage par les pompiers deviennent moins périlleux, y compris pour les personnes venant des étages au-dessus de l’incendie.

 

Accès pompiers :

Une échelle de 30m, 28 en verticale, positionnée en pied d’immmeuble,  atteint 9 étages (sauf …).

Mail Boucicaut : les véhicules pompiers ne peuvent pas passer sur la dalle et l’échelle est à plusieurs mètres de l’incendie, avec gène des arbres :

Evacuation des fumées :

 

Monsieur Candide : un exemple de zone problématique à Fontenay ?

Un exemple parmi d’autres : un feu rue de La Boissière, un samedi matin, jour de marché :

Le dernier feu rue Boucicaut est instructif : le passage des engins de pompiers dans les rues d’accès à ce quartier est problématique : si un engin de pompier passe, il empêche l’arrivée d’autres véhicules de secours et les dévidoirs sur roues ne passent pas.

Regardons les difficultés d’accès en cas de feu dans la zone artisanale de la rue La Boissière :

Synthèse sur les problèmes d’accès rue  La Boissière :

 

Le fait qu’il y ait éventuellement des artisans avec un four (dont un céramiste avec four montant à 1000 degrés ?) en cette zone artisanale n’a pas tendance à minorer la probabilité d’un feu.

L’objectif historique à Fontenay, de maintenir des pavillons de qualité dans une zone à la fois sympathique « et tellement calme pour ses habitants et tellement proche des commerces de centre-ville » (citation d’un habitant local) ne peut pas constituer un objectif acceptable en l’état, ne serait-ce que du point de vue de la sécurité.

Des années de bonheur peuvent se perdre en peu de temps : 2 à 3 minutes (si quelqu’un veut des témoignages …).

Nous soutenons que seule la rénovation est adéquate d’un point de vue sécurité !

Monsieur Candide : et les immeubles Saint-Prix, avenue de Verdun ?

Je pourrais écrire dans la même approche pour les immeubles Saint-Prix (mais l’objectif est de sauver les arbres, parait-il, pas les gens !)

Monsieur Candide : Votre conclusion ?

Quelqu’un a écrit, parlant de moi :

« Mais dans toutes vos analyses, vous ne prenez jamais en compte la notion du bien-être des citoyens et de ce qui peut procurer leur bonheur.»

Je montre ici exactement l’inverse ! je pense à leur sécurité (et à l’absence d’ascenseurs face à une population qui vieillit, à des gens à mobilité réduite, à des jeunes enfants en poussette, …). Tout l’écart entre des théories à orientation politique et une prise en compte complète de la réalité.

Fontenay :

  • Habitat souvent ancien et non aux normes de confort pour une population vieillissante, absence d’ascenseurs, ….
  • Inquiétude sur l’état du bâti à Fontenay : souvent vieux, d’accès difficile, rues étroites, voies pompiers quasi inexistantes, …
  • Normes … de l’époque plus ou moins adaptées …
  • Multiplicité des incendies : impact de pratiques liées à la drogue ?
  • Nécessité non de réhabiliter, sauf exception, mais de rénover.

Jean-Michel DURAND

Maire-adjoint Finances et Logements-Sociaux 2014-2020

Ancien Officier de Sapeurs-Pompiers de Paris

 

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