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Incendies à Fontenay aux Roses : Sécurité, topographie et urbanisme – 3 ème partie

Monsieur Candide : Poursuivons notre étude sur les feux récents à Fontenay : Quelles sont les missions des pompiers dans un incendie comme celui de Scarron ?

Dans cet incendie, comme dans tous, la mission est :

  • Sauver les gens >>> rôle de l’équipe de « sauvetage »
  • Circonscrire le feu >>> rôle de l’équipe « attaque »
  • Eteindre le feu
  • Alimenter les engins en eau >>> rôle de l’équipe « alimentation» (dans la mesure où (1) il y a probabilité que les 400 litres du Premiers-Secours ne suffisent pas ou (2) dans l’hypothèse de mise en action complémentaire de lances du ou des fourgons présents).

Dans le cas étudié ici, il est probable que l’officier ait fait alimenter en eau un autre engin-pompe soit pour action immédiate, soit par précaution (branchement sur « bouches à incendie »).

  • Renseigner le commandement
  • Demander les secours complémentaires ou spécialisés nécessaires (ici appareils pour respirer).

Appel des pompiers : Appelez le 18 ou 112

Monsieur Candide : Quels renseignements donner lorsque vous appelez les pompiers ?

  • Où vous trouvez-vous ? Indiquez le lieu le plus précisément possible pour permettre aux secours de vous trouver rapidement (ville, rue, numéro, étage, code d’accès à l’immeuble si nécessaire, etc.) ;
  • Que se passe-t-il ? Indiquez la nature du problème (feu, malaise, accident, etc.), le nombre et l’état des victimes ; « il y a une personne handicapée au 3ème, une nounou avec trois enfants au 6ème, … »
  • Y a-t-il un risque que les choses s’aggravent ? Evoquez les risques éventuels de propagation, d’explosion ou d’effondrement
  • Répondez aux questions qui vous seront posées par la personne que vous aurez au téléphone.
  • Ne raccrochez jamais le premier ! La personne qui a pris en charge votre appel vous dira quand elle aura toutes les informations nécessaires. Donnez votre numéro de téléphone et si possible, restez sur place, en sécurité, pour guider les secours.
  • Guidez ou faites guider les secours à leur arrivée : « là, au 3ème, deux enfants, … »

Gardez votre sang froid

Une annonce calme, claire et complète garantit la rapidité des secours :

Comportement à adopter par les personnes menacées :

  • Alerter et appeler les pompiers.
  • Fermer les portes, les mouiller si possible.
  • Fermer les volets et ne pas laisser les rideaux en travers des fenêtres (risque d’embrasement)
  • Calfeutrer les portes et les bouches d’aération avec des linges mouillés
  • Se mettre un linge mouillé sur le visage et la bouche (tout liquide est acceptable, même d’origine corporelle)
  • Se coucher sur le sol et respirer avec la bouche au plus près du sol : le seul air respirable et « froid » ne se trouvera bientôt qu’au ras du sol ; en langage de pompier, on dit : « lécher le plancher ».

  • Mettre un élément qui témoignera de sa présence pour alerter les pompiers : chiffon ou balai au balcon, crier, …
  • Utiliser le téléphone portable pour prévenir les pompiers directement par le 18, par le gardien d’immeuble qui transmettra aux pompiers, …
  • Et faire une bise au premier casque qui arrive …  Il ne restera plus qu’à descendre par l’échelle (attention au vertige mais merci les pompiers !).

Monsieur Candide : combien de temps mettent les pompiers pour arriver ?

Les Pompiers de Paris se présentent en moyenne en six minutes après l’appel, ce temps comprenant :

  • Répercussion de l’appel de l’autorité recevant l’appel au centre de secours avec matériel adapté et disponible (non déjà en intervention) le plus proche
  • Temps de montée dans les engins d’incendie, de jour ou de nuit (banalement, les pompiers dorment la nuit, certains à 5 mètres de leur engin d’incendie, cas du premiers secours).
  • Temps d’arriver (fonction de la circulation).
  • Arrive enfin l’envoi du message au commandement : «HH, MM, les secours se présentent à telle adresse …». L’intervention commence.

Le pompier logé en famille à la caserne aura  ôté ses vêtements mais les aura soigneusement préparés … pour s’habiller en quelques secondes au cas où …

Monsieur Candide : que penser de cet incendie à Scarron ?

Cet incendie pose problèmes (outre le décès ci-dessus indiqué) :

  • Caractéristiques des bâtiments.
  • Accessibilité des lieux
  • Répétition ? IL s’agit ici du DEUXIEME incendie en quelques 15 mois.

Scarron a déjà connu un incendie similaire en novembre 2021, il y a 15 mois, également avec une victime, même rue, 3 rue des Saints-Sauveurs.

Citons le journal : « Vers 20h30, le détecteur de fumée s’est déclenché, ce qui a permis de donner l’alerte aux sapeurs-pompiers très rapidement. Une trentaine d’hommes a été dépêchée sur place. Très vite, les pompiers ont pu circonscrire le sinistre au logement dans lequel le feu s’est déclaré, au troisième étage d’un immeuble en comptant quatre, 3, rue des Saints-Sauveurs. Il n’y a d’ailleurs eu aucune évacuation du bâtiment.

Mais lorsque les pompiers ont pénétré dans le logement en feu, l’occupante des lieux était restée prisonnière des flammes. Ils ont découvert son corps dans la chambre à coucher. »

Nous garderons, sur cette coïncidence, quelques informations pour nous…. sauf à dire, de manière générale (ne concernant donc absolument ni Scarron ni Les Blagis)  que ….  la fabrication de l’huile de marijuana par extraction du THC (tétrahydrocannabinol) des feuilles demande de les laisser macérer dans un solvant puis de concentrer le mélange ainsi obtenu par l’évaporation.

Ce procédé comporte des risques évidents, notamment en raison de la présence d’un solvant extrêmement inflammable et de la chaleur spécifique créée pour éliminer le solvant volatile.

Rappel du feu aux Blagis (2017) :

Le feu aux Blagis était censé avoir été accéléré par quelqu’un ayant mis de l’alcool sur un feu en pensant y mettre de l’eau …      Citons un journal local :

« Un important incendie a surpris les habitants d’une barre du quartier des Blagis à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) en pleine nuit, vers 2 heures du matin. Le feu a fait un blessé grave, brûlé et intoxiqué, et huit blessés légers. L’incendie a débuté dans la chambre d’un appartement que les locataires étaient en train de rénover. Des pots de peintures se seraient embrasés. Réveillé par le feu, le fils de la famille logeant dans l’appartement s’est précipité vers un seau contenant de l’eau… croyait-il. Il s’agissait en réalité de white-spirit, que le jeune homme a déversé sur les flammes en pensant les anéantir »   Qui croira cette fable ????

Monsieur Candide : les caractéristiques des bâtiments, à Scarron, ont-ils un impact ?

Ces bâtiments datent des années 1950, ont fait l’objet d’une revente en 2010 (opération Icade de sinistre mémoire), ont été refinancés sur une période longue (50 ans) …. Le loyer payé par les locataires sert en partie à rembourser les emprunts (garantis par la Ville), ces remboursements par le bailleur minorant d’autant les fonds disponibles pour entretien, rénovation, amélioration, …des logements.

Dans le cas précis de l’immeuble concerné par cet incendie de janvier 2023, il est significatif que les couloirs de circulation en parties communes aient été enfumés.

La structure extérieure, sur mur porteur ou revêtement ?,  a connu une fissure d’un mètre (doit faire l’objet d’une analyse après incendie par le Laboratoire Central).

Scarron constitue l’une des rares résidences sociales à disposer de volets (en plastique), aspect qui peut avoir un rôle protecteur momentané (aucun volet aux Blagis sauf en rez-de-chaussée). Pour notre affaire, les volets étaient ouverts.

Dans le cadre d’un incendie similaire, d’autres bâtiments du même bailleur à Scarron n’auraient pas connu le même problème car les balcons auraient éloigné flammes et fumées des murs vers l’extérieur et auraient freiné fortement la propagation du feu et des fumées à l’étage du dessus.

Accessibilité des lieux par les véhicules-pompiers :

Deux remarques :

-La mise en action de l’échelle sur la rue des Saints-sauveurs a bloqué la rue et aurait interdit l’envoi de tout matériel lourd autre en extrémité de la rue, si cela était devenu nécessaire pour combattre le feu ou si une autre intervention s’était avérée nécessaire pour toute autre raison (personne malade à évacuer, femme prête à accoucher, …).

En clair, il faudrait réfléchir à fiabiliser le passage par le parking et le square Pajou pour éviter tout blocage :

Lors de notre visite sur les lieux, le jour suivant l’incendie, la rue était rétrécie du fait du stationnement inadéquat d’une voiture. L’échelle des pompiers n’aurait pas pu passer sans déplacement, par les pompiers, à bras dudit véhicule >> Perte de temps lors d’un incendie !

 

L’accès le long des commerces pourrait également être analysé d’un point de vue sécurité : par où passent les pompiers ?

Monsieur Candide : votre conclusion ?

Scarron, toujours sous financement bancaire pour des dizaines d’années (opération ventes-Icade de 2010), d’accès difficile, constitue une résidence plus problématique que les Blagis, résidence déjà en début de rénovation totale et desservie par de grandes artères.

Ceci étant, il faut réfléchir sur l’ensemble de la Ville, avec ses rues étroites charmantes mais problématiques du point de vue de l’accès des pompiers.

L’urbanisme et la rénovation de la Ville doivent prendre en compte ces aspects.

Ces immeubles en construction actuelle ou prochaine à Fontenay (logements sociaux dans des résidences privées, logements en accession sociale à la propriété ou privés), aux normes actuelles, améliorent la sécurité des habitants.   La seule quantification des constructions témoignent d’une vue incomplète des problèmes.

L’écart entre réhabilitation de l’ancien et construction de neuf se mesure principalement en termes de sécurité.

Que ceux qui ne voient que leur intérêt propre y réfléchissent ….

Monsieur Candide : dernière question : pourquoi les Pompiers disent-ils qu’ils « décalent » quand ils partent en intervention ?

Jusqu’à l’arrivée des moteurs à essence, les véhicules de pompiers étaient tirés par des chevaux qui restaient attelés des heures sans bouger, à la caserne, les véhicules étant bloqués par des « cales » à chaque roue ; pour partir, les pompiers n’avaient qu’à enlever les cales, d’où l’expression « décaler ».

Nous aurons peut-être un quatrième article sur la sécurité.

Jean-Michel Durand                    

Ancien officier des Sapeurs-Pompiers de Paris.

Maire-adjoint aux Finances et Logements-Sociaux 2014-2020

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