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TRANSITION ENERGETIQUE : La sobriété s’impose peu à peu et pour longtemps

La sobriété énergétique, une petite musique qu’on entend de plus en plus

Ivresse interdite – sobriété obligatoire

Nous sommes à l’entrée de l’hiver, période où pour nous chauffer nous consommons plus de gaz et d’électricité que le reste de l’année. Nous voyons que l’énergie est de plus en plus chère. Les augmentations de prix se répètent. Cette situation est-elle temporaire ou durable ? A quoi faut-il s’attendre ?

Voici ce qu’en disent différents experts en énergie. Tous semblent du même avis : la situation n’est pas temporaire. L’énergie devient moins abondante qu’avant… Plus chère aussi, l’économiser s’impose.

Site Connaissance des énergies https://www.connaissancedesenergies.org/tribune-actualite-energies/prix-de-lenergie-winter-coming

  • Prix de l’énergie : winter is coming
  • Il ne faut pas imaginer que la situation actuelle est temporaire
  • la réduction de la consommation d’énergie (à la fois sobriété et efficacité), l’électrification des usages, la flexibilisation de la demande électrique (…) sont autant de leviers à actionner

Site Soixante pour cent (site de journalistes s’interrogeant sur leur propre métier) https://soixantepourcent.fr/ecologie/la-hausse-du-prix-des-energies-vue-par-les-medias-le-decryptage-dalicia-bassiere/

  • Qu’il s’agisse de journalistes ou de personnalités politiques, les personnes interrogées n’ont visiblement aucune connaissance du fonctionnement du marché de l’électricité.
  • Expliquer sans détour que cette crise n’est pas juste transitoire et que l’on doit prendre des mesures en matière de décroissance de la consommation d’énergie sur le long terme tout de suite

Site ASPO https://aspofrance.files.wordpress.com/2021/11/peak_oil_warocque2021.pdf

  • Évolution de la disponibilité en pétrole et conséquences dans votre vie
  • Urgent d’envisager des scénarios de croissance nulle ou négative
  • Agir maintenant plutôt que demain sous la contrainte: substitution, efficience, sobriété.
  • télétravail, isolation. voiture 2L/100 km

Site Jancovici.com https://jancovici.com/publications-et-co/interviews/une-interview-dans-le-un-en-novembre-2021/

  • Sobriété faut-il s’y préparer ?
  • On doit se résoudre à la fin progressive des énergies fossiles
  • La sobriété va nous tomber dessus de toute façon

Site RTE https://www.rte-france.com/actualites/futurs-energetiques-neutralite-carbone-2050-principaux-enseignements

  • Atteindre la neutralité carbone implique une transformation de l’économie et des modes de vie
  • Agir sur la consommation grâce à l’efficacité énergétique, voire la sobriété est indispensable (…)
  • La consommation d’énergie va baisser mais celle d’électricité va augmenter pour se substituer aux énergies fossiles ;

Les grands médias disent que la crise est passagère. Il vaudrait mieux qu’ils disent la vérité : nous allons devoir diminuer notre consommation d’énergie, et donc notre consommation tout court, tôt ou tard et pour longtemps. Le prix des énergies fossiles parait cher aux consommateurs, mais il est trop faible aux yeux des producteurs qui  renoncent à investir dans l’exploitation de nouveaux gisements, car au prix actuel ils ne sont pas rentables. Les gisements actuels vont s’épuiser avant que le renouvelable n’ait pris le relais. Arrivera-t-on à construire éoliennes et panneaux photovoltaïques avec comme énergie la seule électricité que ces moyens produisent ?

En attendant, à notre niveau de simple particulier, trois moyens de réduire notre consommation d’énergie s’offrent à nous, efficacité, sobriété, flexibilité.

Solution 1 : l’efficacité énergétique

En utilisant des « machines » (tout ce qui consomme de l’énergie) plus efficaces nous obtenons les mêmes services mais nous consommons moins d’énergie. Notre confort est préservé.

Exemple :

  • utiliser un lave linge, ou un lave vaisselle étiqueté A ou B sur sa fiche signalétique plutôt que E
  • Isoler son logement pour consommer moins, sans y perdre en confort
  • Si on hésite entre deux voitures choisir la plus sobre

La solution est simple dans le cas de l’électroménager. Il suffit de faire le bon choix au moment du renouvellement de nos appareils. La dépense reste raisonnable.

Le cas du chauffage de nos logements est très différent. Changer les fenêtres, isoler les murs, la toiture, représente un investissement considérable même avec les aides de l’État. Le coût fait hésiter les propriétaires.

Je pense que si les politiques disaient clairement  » L’augmentation du prix de l’énergie n’est pas temporaire, elle va durer« , les propriétaires verraient l’intérêt qu’ils ont à investir dans l’isolation thermique de leur bien. Une augmentation de 10% par an de l’énergie correspond à un doublement du prix en 7 ans. Cela fait réfléchir…

Le transport routier est un domaine qui consomme beaucoup d’énergie fossile. Les gains en efficacité des moteurs n’ont pas fait baisser la consommation globale du secteur. Ils ont conduit au contraire à augmenter la puissance des moteurs, à augmenter la taille et le poids des voitures (SUV), ce qui ne les rend pas plus sobres. Le nombre de voitures a lui aussi augmenté. Résultat la consommation d’énergie fossile du transport routier ne diminue pas.

Les scientifiques préconisent la construction de voitures plus petites, plus légères, moins puissantes, donc plus sobres qu’elles soient électriques ou thermiques (moins de 2 litres aux 100 km). Pour l’instant leur message ne passe guère. Le problème est plus sociétal que technique.

Solution 2 : la sobriété

Contrairement à l’efficacité énergétique qui permet de consommer moins sans renoncer à quoi que ce soit, la sobriété consiste à rogner (un peu) sur notre confort afin de réduire notre consommation d’énergie.

La sobriété relève clairement de choix individuels volontaires.

Voici en vrac et sans hiérarchie quelques gestes de sobriété proposés par les experts des sites mentionnés ci-dessus.

  • baisse d’un degré du chauffage de nos logements
  • moindre consommation d’eau chaude (pas de bains ? douche courte ?)
  • télétravail, donc moins de bureaux, moins d’équipements informatiques
  • Covoiturage, transports en commun
  • limitation de vitesse, limitation de la taille des voitures
  • manger moins de viande, moins de produits transformés
  • renouveler meubles et vêtements moins souvent
  • Préférer le train à l’avion, moins de voyages lointains
  • Remplacer sa (grosse) voiture par une plus petite, sa 2ème voiture par un vélo
  • Habitat partagé (?)

Ces choix bien que proposés par des personnalités du monde technique ou scientifique relèvent bel et bien de choix sociétaux. C’est clairement une question politique. Mais ce sujet sera-t-il seulement abordé par les candidats à la présidentielle ?

Mais pourquoi donc deviendrions-nous sobres volontairement ?

 A cause du prix ? Dans une économie capitaliste libérale, on agit sur la consommation d’un bien en jouant sur son prix, le fameux signal-prix des économistes. Un prix qui monte est censé encourager les consommateurs à se tourner vers un autre produit moins cher mais rendant le même service.

Ce procédé ne marche pas avec l’énergie car c’est un bien indispensable et non substituable. De plus à terme, la seule énergie disponible sera l’électricité car décarbonée. Augmenter fortement son prix risque d’être ressenti comme une agression (un racket ?) et provoquer un nouveau mouvement du type gilets jaunes. Notons aussi que quand on est riche, on devient indifférent au prix. Payer cher est même un signe de richesse…

Le prix de l’énergie est un sujet sensible, on ne peut pas condamner les foyers modestes à vivre dans le froid et à manger cru….

Moins de publicité ? la pub a pour but de susciter sans cesse notre désir d’acheter, d’entretenir une sorte de frustration permanente. Diminuer drastiquement la publicité sur les grands médias pourrait contribuer à faire baisser la consommation « inutile ».

 Par éthique personnelle ? Il est possible que les jeunes soient plus sensibles que d’autres, à la protection du climat car ce sont eux qui habiteront la Terre dans les décennies futures. Un peu de sobriété, ce n’est pas cher payé pour garder la Terre habitable !

Si rien de tout ça ne marche, la rareté des ressources naturelles comme le pétrole et le gaz, que l’énergie renouvelable n’arrivera pas à remplacer d’égal à égal, signera la fin de l’abondance de biens de toutes sortes. Cette situation nouvelle, (mais prévisible) nous imposera une sobriété non choisie plus dure à supporter. « La sobriété va nous tomber dessus de toute façon  » (JM Jancovici)

Solution 3 : la flexibilité

 Pour un particulier la flexibilité consiste à moduler sa consommation selon l’horaire, c’est-à-dire selon les heures de pointe. Avec la tarification dynamique prévue dès 2023, nous allons payer nos kWh plus cher aux heures de pointe. La flexibilité est pour nous consommateurs, un moyen de baisser notre consommation en Euros, en clair de notre facture : évitons les lessives à 6 h du soir en hiver. Équipons-nous de radiateurs à forte inertie thermique, on pourra les couper pendant 1 heure ou deux sans trop y perdre en température.

Conclusion

 Nous assistons déjà à toutes sortes de pénuries. Les chaines d’approvisionnement mondiales, plus fragiles qu’on le croit, ont été détraquées par le COVID ! Pour l’instant elles touchent plutôt le monde industriel. La pénurie de processeurs oblige les constructeurs de voitures à arrêter temporairement leurs chaines. Ces arrêts se propagent à leurs sous-traitants. Le transport maritime souffre d’un manque de containers. Les porte-containers doivent attendre parfois des semaines avant de pouvoir entrer au port et être déchargés. Les marchands Internet manquent d’emballages pour expédier leur colis. La Chine, atelier du monde, manque de charbon pour faire tourner ses centrales. Elle procède à des coupures tournantes d’électricité chaque hiver depuis un an ou deux. Les journaux craignent un Noël sans cadeaux…

On nous dit que ces désordres sont dus au rattrapage post Covid mais si je crois les experts cités plus haut, ces problèmes sont structurels, ils vont persister. C’est le manque généralisé d’énergie sous toutes ses formes au niveau mondial, qui est à l’origine de ces problèmes : pic pétrolier, ruée mondiale sur le gaz, charbon qui manque en Chine et surtout très dévastateur, renouvelable encore marginal dans le monde, etc…

Pour l’instant nous ne voyons que les prémisses de pénuries futures, à nous de nous préparer à des pénuries plus contraignantes et plus durables dans quelques années.

Mais jusqu’ici ça va…

 Daniel Beaucourt décembre 2021


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