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Soleil et vent sont gratuits, mais le prix de l’électricité s’envole…..

L’Union Européenne mène une politique énergétique risquée

  • Développement soutenu des énergies éolienne et solaire

Sous la forte impulsion de la Commission Européenne (CE) qui impose des seuils croissants de renouvelable dans le mix électrique des états de l’UE

  • Subventionnement de la production d’électricité renouvelable

Ces subventions ne sont pas considérées par la CE comme une distorsion de concurrence, même si la concurrence libre et non faussée fait partie du dogme “sacré” de la CE.

  • Mise en place d’un marché européen de l’électricité
    – Priorité d’accès au réseau donné au renouvelable, ce qui ruine peu à peu la rentabilité des moyens de production pilotables qui doivent céder leur place mais sont indispensables (intermittence)
    – La formation du prix se fait sur la base du coût marginal, celui de la dernière centrale appelée. Compte tenu de l’appel des centrales selon le coût de production croissant, toute l’électricité du réseau européen finit par être vendue au prix de la centrale la plus chère.
  • Instauration d’une taxe carbone

    Taxe proportionnelle à la quantité de CO2 émis par les industriels. Objectif : encourager l’abandon des énergies fossiles… sauf du gaz ! (voir plus loin)

  • Fermeture prématurée de centrales pilotables y compris nucléaires

    En une dizaine d’années c’est une dizaine de GW pilotables en moins en France. Même situation dans les autres pays de l’UE (Union Européenne)

  • Recours au gaz pour compenser l’intermittence du renouvelable

    Le gaz est la moins “pire” des énergies fossiles, d’où cet engouement. Les pays de l’UE, encouragés par la CE, ont écarté par opportunisme les contrats de long terme (concurrence oblige). Ils s’exposent à un prix volatil, désormais fortement et durablement orienté à la hausse.

  • Introduction du gaz et du nucléaire dans la taxonomie verte européenne pour orienter les investissements vers ces énergies

    Le gaz, qui émet du CO2, est donc considéré comme vert ! Il est déjà très utilisé en Europe. Concernant le nucléaire, la France dont le parc nucléaire vieillit, n’a toujours pas de stratégie claire. Une décision ferme de construire de nouvelles centrales nucléaires a-t-elle vraiment été prise ?

  • Croyance dans l’arrivée de solutions de stockage massif de l’électricité résolvant le problème de l’intermittence

    “On” trouvera des solutions, l’hydrogène (vert) par exemple.

  • Croyance dans la disponibilité des ressources nécessaires

    Ressources physiques (ensoleillement et régime des vents sans changement, surface au sol, cuivre, terres rares, électronique, etc.). Ressources financières. Acceptabilité sociale des éoliennes et centrales solaires omniprésentes et dévoreuses d’espace.

  • Croyance dans la modicité du prix du kWh futur

        Le soleil et le vent sont gratuits.
         Cette politique dûment appliquée par les pays de l’UE ne semble pas tenir               ses promesses : les prix explosent, les coupures menacent… Dans les                   Echos du 21 décembre 2021, Maxence Cordiez écrit : “… la situation                       actuelle est davantage le symptôme, appelé à s’aggraver dans les                        prochaines années, d’une mauvaise gestion des systèmes électriques             européens, qu’un épiphénomène destiné à être oublié sitôt passé.” 

Des coupures tournantes voire un black out deviennent probables

La situation est sérieuse. RTE nous alerte sur les difficultés que la France va avoir cet hiver et les suivants pour garantir l’approvisionnement du pays en électricité, en cas de grand froid et de manque de vent, évènements souvent simultanés. Si l’effacement des gros consommateurs industriels ne suffit pas, RTE évoque la possibilité de coupures tournantes tout en disant tout faire pour l’éviter. On brulera du charbon s’il le faut !

 Cette situation tendue est le résultat de la politique énergétique de l’UE. Chaque état de l’UE a fermé ses centrales pilotables (fossiles et nucléaires) en fonction de ses intérêts propres, quitte à importer l’électricité manquante à ses voisins… A la décharge des industriels qui ont décidé ces fermetures, il faut dire que la priorité d’accès au réseau donnée au renouvelable, fragilise les centrales pilotables (y compris nucléaires), qui doivent s’effacer pendant des périodes de plus en plus longues. Devenant de moins en moins rentables, et attaquées pour leur pollution, elles finissent par être fermées par leur exploitant, qui préfère à son tour investir dans le renouvelable subventionné.

M. Cordiez insiste : “Cette situation va significativement s’aggraver dans les prochaines années, avec la fermeture de nombreuses centrales pilotables (charbon et nucléaire) prévue au Royaume-Uni (sortie du charbon en 2024 et fermeture de tous les réacteurs nucléaires à graphite d’ici 2030), en Belgique (sortie du nucléaire en 2025) et en Allemagne (sortie du nucléaire en 2022 et fermeture prévue de 14 GW de charbon d’ici 2023).”

Conséquence : nous sommes à la merci d’aléas météorologiques ordinaires comme moins de vent que la normale dans le nord de l’Europe, une saison sèche en Norvège, ou des incidents sur le parc nucléaire français vieillissant. Des évènements de ce type se sont produits l’hiver dernier, ils ont failli mettre le réseau européen par terre. L’ampleur de l’intermittence du renouvelable est visiblement sous-estimée ou simplement pas vue (aveuglement idéologique ?).

Le prix de gros de l’électricité a été multiplié par 5 à l’approche de l’hiver

Le prix du MWh sur le marché spot (au jour le jour) est publié tous les jours par RTE. En janvier 2020 il fluctue autour de 40 € entre 10 et 70 €. Début janvier 2022 il varie entre160 et 320 €. Le 21 décembre 2021 il dépasse les 600 €.

 Ce prix élevé a conduit le gouvernement français à prendre une décision digne des pays communistes de la grande époque : bloquer les prix. Il fait même bien mieux, il oblige le producteur dominant à céder à prix coûtant, la moitié de sa production à ses concurrents, le transformant ainsi en entreprise de bénévolat. La bourse l’a bien compris. Les concurrents qui ne produisent rien, se frottent les mains, ils vont faire du bénéfice, surtout ceux qui vendent en gros. En même temps, le pays dit vouloir s’engager dans la rénovation de son système électrique. Mais qui va payer ? Apparemment pas le consommateur ni le citoyen, il faudrait augmenter les impôts. La dette ? Les taux remontent… Bref on verra plus tard. Quand ?

 Cette explosion du prix de l’électricité a pour origine l’absence de marge dans la production (fermeture de trop de centrales pilotables), la formation aberrante du prix dans le marché électrique européen, la très forte augmentation du prix du gaz au niveau mondial et enfin la taxe carbone. Dans sa course effrénée vers toujours plus de renouvelable, l’UE a écarté (de fait) le nucléaire et s’est ruée sur le gaz. Le marché électrique a réagi à cette situation par une explosion du prix du MWh, qui s’aligne sur le coût de la centrale la plus chère, une centrale à gaz, dont le prix a explosé. Ce que l’Europe n’a pas vu venir.

 C’était pourtant un risque prévisible. Le pétrole devenant rare et le charbon trop polluant, de nombreux pays, surtout en Asie, se sont tournés vers le gaz. La demande a augmenté, mais pas l’offre, le prix monte… La mer du Nord et l’Algérie, fournisseurs traditionnels de l’Europe, ont passé leur pic, ils ne peuvent plus augmenter leur production, l’Europe a besoin du gaz russe. Mais face à la Russie elle ne sait pas ce qu’elle veut.

Que veut l’Europe ? Acheter du gaz à la Russie ou lui faire la guerre?

D’un côté, l’Europe a besoin du gaz russe (40% du gaz consommé).

De l’autre, l’Europe applique des sanctions à la Russie; pour la punir de l’annexion de la Crimée, historiquement russe… Étrange politique !

 Les journaux nous racontent une histoire à la James Bond où Poutine est le méchant, et nous, les gentils. On oublie de dire que nous ne pouvons pas nous passer du gaz russe. D’après H. Carrère d’Encausse et G. Chaliand, la Crimée est de toute évidence russe. N’importe quel chef d’état aurait fait, dès qu’il l’aurait pu, ce qu’a fait Poutine, la rattacher à la Russie.

 En fait, l’Europe dépendante des USA (Etats-Unis) pour sa défense, a perdu sa souveraineté. En politique étrangère, elle ne fait que s’aligner sur les USA. Pour accroitre leur suprématie, ces derniers considèrent la Russie comme l’URSS d’autrefois, en ennemi qu’il faut endiguer, refouler le plus loin possible à l’est, et affaiblir en l’empêchant de développer des affaires avec l’Europe, même si cela affaiblit cette dernière. Nous arrivons à la fin de cet endiguement, la Russie ne regarde plus passivement l’OTAN se rapprocher et l’encercler, elle contrattaque.

On trouvera une justification de cette analyse dans les liens ci-dessous. Je fais remarquer que la Russie est un voisin de l’Europe. Situation qui ne changera pas, c’est la loi de la géographie. Traiter son voisin et fournisseur en ennemi, pour plaire à un ami lointain (et égoïste), est-ce une bonne idée ? Je vous recommande vivement de lire ce qu’en dit Ugo Bardi (lien ci-dessous).

Daniel Beaucourt Janvier 2022

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