C’est une décision prise dans la plus grande discrétion, sans aucune information préalable aux habitants ou aux élus : la semaine dernière, le maire a préempté un logement situé au 86 rue Boucicaut.
Cette opération intervient dans un contexte particulier. Il vient quelques mois après la signature d’une convention avec l’EPFIF, en octobre 2024, sur trois secteurs entiers de la ville : la portion de la rue Boucicaut allant de Jeff de Bruges au garage Citroën, l’angle des rues Georges Bailly et Marx Dormoy, ainsi que celui de Marx Dormoy et l’allée des Lilas.
Le maire avait négocié depuis plusieurs mois en catimini avec l’EPFIF. Cette convention, censée protéger Fontenay-aux-Roses de l’appétit des promoteurs, est désormais largement remise en question par cette préemption ciblée. Car que prouve cette opération, sinon que la Ville anticipe des opérations immobilières, voire les prépare ?
Si l’EPFIF peut être un outil efficace pour permettre aux communes de reprendre la main sur leur urbanisme, la convention actuelle en est une très mauvaise utilisation. Des conditions claires à son intervention doivent être posées : exigence de mixité sociale, préservation des sols, création d’espaces verts, performance énergétique des bâtiments, et surtout concertation en amont avec la population. Or, à ce stade, aucune de ces garanties n’est apportée.
La préemption du 86 rue Boucicaut, menée sans transparence ni projet annoncé, renforce le flou sur la stratégie réelle de la majorité. Pourquoi cette opération isolée ? Quel projet se dessine derrière cette acquisition ? Ces questions restent sans réponse. C’est pourquoi nous avons adressé une lettre officielle au maire pour demander des clarifications :
Monsieur le Maire,
Conformément à l’article 6 du règlement intérieur du conseil municipal, nous vous adressons une question écrite.
Nous avons été informés que la Ville a exercé son droit de préemption sur un bien situé au 86 rue Boucicaut.
En tant qu’élus municipaux, attachés à la transparence de l’action publique et à l’information des instances représentatives, nous souhaitons connaître les motivations ayant conduit à cette décision, ainsi que le projet envisagé pour ce logement.
Lors du vote en conseil municipal concernant la convention avec l’établissement foncier d’Ile-de-France, vous aviez précisé que votre objectif était de protéger le centre-ville des ambitions des promoteurs immobiliers.
Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous transmettre les éléments permettant de mieux comprendre les objectifs poursuivis par la municipalité.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de nos salutations distinguées.
Groupe Les Écologistes
Groupe PRG-Le centre gauche
Groupe Socialistes, citoyens et écologistes
Au-delà de cette décision ponctuelle, se pose la question plus large de l’avenir de la ville. Le maire affirme vouloir maîtriser l’évolution urbaine, mais dans les faits, le PLUi (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal) autorise des constructions d’une ampleur importante dans plusieurs secteurs, dont celui de Boucicaut. Cette vision n’a fait l’objet d’aucune concertation digne de ce nom. Pire, les propositions ont été modifiées après l’ouverture de l’enquête publique, ce qui nuit à la crédibilité du processus.
Sur le fond, nous pensons que la rénovation urbaine doit être maîtrisée, équilibrée et porteuse de sens : qualité de vie, cadre de vie, mixité sociale, services publics adaptés, espaces verts, sobriété énergétique. Les projets doivent être encadrés, expliqués, et surtout construits avec les habitants.
Nous portons une autre vision : une ville solidaire, écologique et démocratique.
Aussi, nous remettons en cause le bien fondé de la convention actuelle avec l’Etablissement Public Foncier d’Ile de France. Nous souhaitons également réviser le PLUI afin qu’il réponde aux besoins réels des Fontenaisiens en matière de logements et aussi à leur qualité de vie.
Construire l’avenir de Fontenay, c’est possible. Mais ce sera avec les habitants.
Vos conseillers municipaux du collectif Mieux Vivre Fontenay,
Pauline Le Fur,
Maxime Messier,
Astrid Brobecker, conseillère départementale,
Jean-Yves Sommier
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