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Pour qu’on ne tue pas Fontenay-aux-Roses

Cela fait des années que le commerce va mal à Fontenay-aux-Roses. Pour mieux comprendre, je viens de lire « Comment la France a tué ses villes » d’Olivier Razemon. Un livre « écolo » pour certains. Pour moi plutôt un livre lucide qui ouvre des pistes de réflexion sur notre société. Oui, des pistes cyclables aussi.

D’abord il faut savoir ce que l’on veut
Le livre nous met en face de nos contradictions. Dans le cas de Fontenay : nous courons faire nos courses au centre commercial « la Vache Noire », mais nous nous plaignons du déclin de nos commerces de proximité. Nous allons flâner et dîner à Sceaux, et nous nous demandons pourquoi soudain le vieux restaurant « le Royal Fontenay » ferme ses portes. Nous commandons nos livres par internet, mais nous sommes presque indignés lorsque notre dernière librairie ferme ses portes. Et ça continue. Pourquoi ?
 Le Royal Fontenay, une vieille institution fontenaisienne, a récemment fermé.
La réponse de Razemon : parce que c’est « la pente la plus douce ». Car aller au centre commercial « c’est tellement pratique ! ». Mais c’est une pente qui descend bien bas tout de même, car elle dégrade et défait notre ville. Car nos commerces de proximité « forment l’ossature de la vie locale, ils assurent une présence, surveillent la ville, la sécurisent sans même s’en rendre compte ». Dans nos magasins « le joli sourire des vendeurs ne s’inscrivent pas dans le cadre de juteuses opérations de marketing ». Bref, ils représentent et préservent l’humain au cœur de notre ville. Et quand ça s’en va, on le regrette drôlement.
Et pas seulement humainement. Aussi économiquement, car les commerces de proximité créent de l’emploi. Même jusqu’à 4,3 fois plus que les grandes surfaces. D’où leurs prix un peu plus élevés que ceux des hypermarchés. C’est le prix qu’on paie pour avoir un vrai centre-ville qui vit, avec une vraie identité sociale et historique. Dans les centres commerciaux en dehors de la ville on a beau essayer de fabriquer un « village » avec ses cafés, mais vous sentez bien que c’est un leurre. Vous sentez que ce n’est qu’une opération commerciale sans lien avec la ville et qui respire le faux.
La voiture: ce bien qui finit par nous faire du mal
L’huile qui lubrifie cette machine destructrice qu’est la grande distribution, c’est la voiture. C’est elle qui a permis l’envol des centres commerciaux dans les années 60. Depuis, la voiture a fini par envahir nos villes et nos vies jusqu’au moindre recoin. Elle est devenue le déplacement « par défaut ».
La voiture nous semble être tellement incontournable qu’on en oublie son fort pouvoir de nuisance. Les gaz toxiques dont on chiffre à peine les conséquences sur notre santé. On ne parle jamais du bruit qui rend une conversation normale impossible et qui « dissuade les allées et venues, qui accroît la sensation de danger et qui pèse même sur le prix des logements et sur les loyers ». On est choqué lorsqu’on propose d’installer un parking à vélos directement sur la place du Général de Gaulle, mais personne ne remarque qu’il y a des voitures garées absolument partout!
Sur la place du Général de Gaulle on ne remarque pas non plus l’inconfort que nous inflige cette présence massive de voitures garées. A cause d’elles nous devons, en traversant la rue, maintenir en permanence une attention soutenue. Ça n’a l’air de rien, mais psychologiquement ça fait la différence entre un endroit où on a envie ou pas envie d’être (et de consommer). Les voitures garées nous empêchent aussi de profiter de ce décor historique exceptionnel au cœur de notre ville. Pourquoi avoir investi tant d’argent pour enjoliver la place pour s’en servir ensuite comme un vulgaire parking ? Surtout si on sait que 30 mètres plus loin il y a un parking souterrain public quasiment gratuit qui est vide la plupart du temps ?
La “vue” sur la place du Général de Gaulle, qui n’est pas une véritable place mais plutôt un enchevêtrement de bouts de rue, de parkings et – heureusement – d’arbres.
Que peut-on faire pour que Fontenay ne meure pas ?
  • Agissons à l’échelle Européenne et nationale. Par exemple en adoptant une directive et une loi contre l’étalement urbain qui suit aveuglément une logique automobile au détriment de notre économie locale et de notre qualité de vie sociale. Car derrière le volant, en direction de l’hypermarché, on oublie que « la baguette de pain du centre-bourg ne nourrit pas seulement au sens propre. Elle alimente aussi la rencontre impromptue, le lien social ». On oublie, pour le dire autrement, que dans une ville on ne marche « pas seulement pour accumuler des pas sur son podomètre ».
  • Créons un plan piéton et cycliste pour promouvoir le transport actif qui fait bouger le corps et qui fait se rencontrer les gens. Organisons des diagnostics en marchant et en roulant à vélo. Quels sont les obstacles qui gênent la balade ? Ah, il n’y a aucun banc pour s’asseoir dans la rue Boucicaut ? Aucun arceau pour garer son vélo peut-être ? C’est une occasion aussi pour les élus d’expliquer les difficultés techniques auxquelles nous, simples citoyens, n’ont pas forcément pensé. Si vous voulez aider, rejoignez d’ailleurs notre groupe FARàVélo qui a engagé déjà ce dialogue (steinvanoosteren@hotmail.com).
  • Développons des alternatives à la voiture. Une voiture, ça se remplace très bien par un cocktail de transports publics, de vélo, de marche et un Uber ou une voiture de location de temps en temps. C’est une habitude à prendre, mais votre santé et celle de votre ville y gagneront. Et votre portefeuille aussi, car le coût annuel d’une voiture est d’environ 6.000 euros.
  • Soyons imaginatifs et créons le « Pousse-Fontenay » : 10 vélos capables de transporter une personne avec ses courses. Ils vous attendent le samedi matin à la sortie du marché, pilotés par des étudiants. Cela leur fait un bon petit boulot, et la publicité payera une partie de l’investissement. On peut prendre le Pousse-Fontenay en sortant du marché ou en réservant par téléphone: on vient vous chercher chez vous. Des Fontenaisiens viendront spécialement pour cette expérience ludique!
Des Fontenaisiens qui font la queue pour avoir leur Pousse-Fontenay? Une idée géniale de mon ami Jean-Paul Perez.
ConclusionCe blog n’est pas un pamphlet anti-voiture. Il est un pamphlet contre un développement basé exclusivement sur la voiture. Bien sûr il faut que le centre-ville reste accessible en voiture, mais pas littéralement jusqu’au pied de chaque magasin. Il faut pouvoir se déplacer 50 à 100 mètres autrement que par la voiture. A moins que nous ne souhaitions pas préserver un minimum de bien-être, d’économie locale et d’identité pour notre ville.Twitter: @Oosterenvan, #FARàVélo

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