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L’infrastructure d’antennes relais selon une nouvelle perspective

Pour faire suite à ma précédente publication sur le projet d’infrastructure d’antennes relais des tennis de Fontenay-aux-Roses, en complément je vous propose un éclairage selon une nouvelle perspective.

On se pose traditionnellement les questions suivantes :

  • A qui profite l’opération ?
  • Où va l’argent ?

Le communiqué de presse du 18 février 2021 de la société Orange à l’occasion de la création de la « tower company » TOTEM est riche d’enseignements. (cf. ” Orange takes major step forward creation totem its european towerco “ )

On notera entre autres une activité des infrastructures de télécommunication passives financièrement très intéressante, 57% de marge, sur un marché européen en forte croissance.

Le leader européen du secteur la société Cellnex (cellnextelecom) que souhaite concurrencer la société TOTEM affiche une excellente santé financière (53% de croissance du chiffre d’affaire sur les 9 premiers mois de 2021 et de 59% de son EBITDA) ce qui justifie d’avoir comme investisseurs des fonds de pension friands de revenus garantis sur le long terme.

La société Cellnex communique vis à vis des bailleurs en ces termes « … si vous n’avez pas encore d‘infrastructure de télécommunications sur votre propriété, mais que vous possédez une propriété foncière et êtes désireux d‘en retirer un rendement économique, Cellnex peut étudier cette opportunité… ». (cf. bailleurs)

Comme nous pouvons le constater, l’environnement des pylônes d’antennes relais est un milieu économique à la santé très florissante.

Pour faire une analogie, un tel équipement d’infrastructure passive de télécommunication peut être comparé à un sapin auquel on vient accrocher des boules et des guirlandes. Les opérateurs pour installer leurs équipements vont payer une redevance au propriétaire de l’infrastructure. On comprend aisément que plus l’arbre est grand, plus on va pouvoir y accrocher de nombreuses guirlandes et boules. L’intérêt économique du propriétaire de l’infrastructure est de pouvoir y installer un maximum d’équipements pour générer le maximum de redevances.

Une opportunité, voire une aubaine, que de pouvoir s’installer et investir sur un point haut tel celui des tennis de Fontenay-aux-Roses pour y installer une infrastructure de taille très conséquente. Une opération de cette envergure n’a vraisemblablement pas uniquement vocation à satisfaire les simples besoins locaux de quelques habitants clients de l’opérateur, il s’agit de fait d’un investissement d’infrastructure lourde.

Pour l’heure, l’unique justification fournie d’un tel aménagement est l’amélioration de la qualité de service d’un opérateur particulier, rappelons que contrairement à ce qui peut être dit à tort il n’y a pas de zone blanche à Fontenay-aux-Roses. Quels seront les autres cas d’usage d’une telle infrastructure ? Comment assurer le contrôle des équipements installés au fil du temps ?

Par exemple, nous ne savons pas comment l’infrastructure envisagée communiquera à terme avec le cœur réseau (pas les communications entre les mobiles des abonnés et les points d’accès mais celles internes de l’infrastructure de réseau elle-même). S’agira-t-il exclusivement d’une communication via la fibre optique à laquelle serait rattachée l’infrastructure ou bien d’une communication hertzienne (« wireless backhaul ») ce qui nécessiterait des antennes spécifiques supplémentaires.

La question qui se pose est comment la ville de Fontenay-aux-Roses et ses habitants pourront être informés de l’évolution de la nature des équipements hébergés (et pilotés à distance) dans une telle infrastructure ? Du fait des compétences requises, cela semble être quasiment impossible à contrôler pour une municipalité.

Un autre questionnement est la difficulté pour une équipe municipale de se reposer uniquement sur les conseils de l’opérateur demandeur en termes d’infrastructure nécessaire. Ce dernier ne peut-être à la fois juge et partie ; en effet, l’opérateur fait son travail et défend en priorité ses propres intérêts économiques sans souci des conséquences pour la sérénité de la cité.

Dans cette pièce, nous avons donc comme acteurs :

  • Une société privée qui effectue sur un terrain public une opération d’investissement dans une infrastructure immobilière industrielle sur un point haut
  • Une municipalité qui gère un point haut très attractif pour l’industriel
  • Des habitants non partie prenante qui manifestement vont subir des préjudices.

Avec comme décor un cadre réglementaire et une démocratie locale à faire exister.

Ne pouvant parler au nom des deux premiers acteurs, en tant que riverain des tennis, c’est bien le rôle de victimes collatérales qui semble nous avoir été dévolu dans cette pièce.  En effet, outre la dégradation du cadre de vie, aucun revenu à attendre pour les riverains d’une telle infrastructure bien au contraire une dévalorisation nette du patrimoine immobilier.

Les revenus pour la commune associés à cette infrastructure ne sont pour l’heure pas publics. De fait, la municipalité se retrouve au carrefour des divergences d’intérêts entre un industriel privé puissant et ses habitants du quartier des tennis.

En conclusion, il n’est pas inutile de se poser sérieusement les questions de l’éclairage selon la perspective du retour sur investissement pour les uns et les autres (l’opérateur, le gestionnaire / propriétaire du terrain, les riverains).

Outre la réponse à nos deux questions initiales, cela en soulève une troisième :  Quel est le rôle d’une municipalité dans la préservation de l’intérêt général de ses habitants ?

Eric Aubert , Résident du quartier des tennis depuis 30 ans. 

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