Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

LE PRINTEMPS DES POÈTES À FONTENAY-AUX-ROSES : Poème proposé Catherine Elcabache : Désir Fatal

Ô Fortune, est-ce un mal, que toujours désirer,
Cet objet, dont on peut, en pensées nous parer,
Illusoire ornement de nos sens affermis,
Qui ne tient le repos que pour seul ennemi ?
Tendre frisson du corps, pâmoison de la vue,
Ineffable transport de l’âme toute nue,
Tous ces ravissements nous privent de parler,
Autrement qu’en nos cœurs, qu’on sent si fort brûler !
Mais je veux m’infliger ces poisons redoutables,
Et goûter en silence aux tourments véritables,
Du Cœur ; sans que jamais, je n’en sois détournée,
Dieu, c’est ce pourquoi, il me semble, être née !
Victime de mes sens, je veux être immolée,
En ma languide chair, à l’ardeur dévoilée.
Je manderai Vénus, de l’Amour la déesse,
Ou bien Cupidon, dont on connaît l’adresse,
Le soin d’ouvrir mon flanc et de laisser fumer,
Le si fervent désir, d’un cœur digne d’aimer.
Ma flamme ainsi livrée, ne pourra plus se taire,
Infusant son bonheur, librement dans la chair ;
Assoupie par l’ivresse, et sans vouloir s’hâter,
Elle criera sa joie, en toute volupté.
Comme il est bon ainsi, de se faire idolâtre,
Et d’honorer son culte, au simple coin de l’âtre,
En supplique si douce à l’Amour éternel,
Dont les fruits tôt ou tard se montreront réels !
Douce voix du désir, heureuse destinée,
A l’être qui m’est cher, par sa force emmenée,
Je verrai mon étoile, des âmes la mieux née,
Pour elle mon désir, jaillira en saignée ;
Et sa fatale ardeur jusqu’à présent cachée,
Se portera en lui à jamais attachée.

Catherine Elcabache

Les commentaires sont désactivés.