La CRE annonce l’arrivée d’une tarification dynamique de l’électricité
dès 2023
On lit sur les sites institutionnels dédiés à l’électricité comme RTE (Réseau de Transport de l’Électricité) et la CRE (Commission de régulation de l’Énergie), des textes annonçant de fait la fin de l’électricité abondante et bon marché.
RTE ne cache plus que dans certaines situations il faudra procéder à des coupures
tournantes de 2h pour éviter l’écroutement (black out) du système électrique. Il parle bien de coupures franches sauf si on trouve d’ici là des solutions techniques permettant de ne couper à distance, que certaines consommations pas immédiatement indispensables, chauffage, borne de recharge de véhicule électrique, lave linge…. Pour l’instant il ne s’agit que d’hypothèses évoquées dans des études prospectives.
La CRE va plus loin et prévoit une mesure qui nous touchera dès 2023, la tarification
dynamique. Voici ce que dit la CRE :
“Alors que jusque-là, les moyens de production s’adaptaient à la consommation, la
logique inverse est appelée à s’imposer progressivement et la demande (la
consommation) s’adaptera de plus en plus à l’offre (la production). ”
Commentaire : l’intermittence du renouvelable de plus en plus important dans le système électrique ne permet plus de garantir qu’on sera capable de satisfaire la demande en toutes circonstances, notamment pendant les pointes de 8h et 19h en hiver, par exemple s’il n’y a pas assez de vent (probabilité qu’il serait téméraire de considérer comme nulle).
La CRE impose aux opérateurs de proposer dès 2023 à leurs clients,
“une offre à tarification dynamique obligatoire définie comme suit :
– dont le prix de l’énergie est indexé au moins à 50% sur un ou plusieurs indices
de marché comptant (marché journalier ou infra-journalier) ;
– qui reflète les variations de prix de marché a minima au pas horaire ;
– qui doit être assortie d’un plafond de facture mensuelle HT égal au double de la
facture mensuelle HT que le consommateur concerné aurait payé au tarif
réglementé base correspondant (même puissance souscrite) “
Commentaire : le prix du kWh devient variable. Pendant certaines périodes qui seront
définies et annoncées la veille pour le lendemain, le kWh risque d’augmenter très
fortement. L’objectif est d’inciter le consommateur à réduire volontairement et si possible fortement sa consommation. Sinon sa facture pourrait exploser, jusqu’à doubler compte tenu du bouclier prévue par la loi.
La CRE déconseille aux consommateurs équipés d’un chauffage électrique, de choisir une offre dynamique. Ce qui est paradoxal car en coupant le chauffage on réduit de beaucoup sa consommation. Ce n’est pas en s’abstenant de recharger son téléphone portable qu’on la réduira beaucoup….
Je regrette qu’une fois de plus les Français soient si mal informés des conséquences des décisions du Gouvernement concernant notre production future d’électricité, plafonnement du nucléaire à 50 %, les autres 50% en renouvelable. Une telle répartition rend extrêmement critique la continuité de fourniture à cause de l’intermittence du renouvelable.
Elle provoque aussi une augmentation du prix du KWh.
L’intermittence de l’électricité renouvelable n’est pas un mythe
Bien que le vent soit éminemment variable d’une minute à l’autre et encore plus d’un jour à l’autre, les adeptes de l’énergie éolienne peinent à reconnaitre la grande variabilité au fil du temps de cette énergie, qui pourtant dépend du vent… C’est la même chose pour le solaire. Il ne fait pas beau tous les jours et soleil ne brille pas la nuit même par beau temps.
Cette variabilité de l’énergie électrique produite par le vent et le soleil est désignée sous le nom d’intermittence. C’est une caractéristique de l’électricité renouvelable : on ne
maitrise pas son niveau de puissance. Les centrales thermiques au contraire délivrent une puissance qui peut être modulée à la demande. Ces dernières sont dites pilotables.
Le gestionnaire d’un réseau électrique doit en permanence assurer l’égalité production = consommation. Il ne peut pas laisser la production fluctuer à sa guise. Pour compenser l’intermittence du renouvelable, il doit disposer de moyens de production pilotables augmentant leur puissance dans les creux du renouvelable, la diminuant ou la stockant pendant les pics.
Plus il y a de renouvelable dans un réseau, plus il faut des moyens pilotables de “secours” (back up) pour pallier l’intermittence. Or le renouvelable s’est déjà bien développé et va continuer de le faire, il faut donc en parallèle développer ou conserver de plus en plus de moyens de “back up”. Or ce que fait l’Europe ne me semble pas être à la hauteur des besoins dans ce domaine. Au contraire la plupart des pays européens ont fermé des centrales thermiques, y compris nucléaires en Allemagne et en France, au fur et à mesure que le renouvelable se développait. Je pense qu’ils ont fait preuve d’un grand optimisme en remplaçant ces centrales par du renouvelable.
Le problème de l’intermittence est franchement sous-estimé, voire nié. Il suffit le lire ce
que dit le site France-energie-eolienne, à propos de l’intermittence pour s’en convaincre.
D’après ce site, l’énergie éolienne permettrait “une meilleure stabilité dans notre mix
électrique“. En réalité c’est exactement le contraire. Plus il y aura d’éoliennes, plus le
réseau sera difficile à maintenir dans un état stable. Ce site présente comme solutions à l’intermittence, des “réseaux plus intelligents, le stockage à base d’hydrogène ou dans des barrages d’altitude (STEP), ou encore des batteries”.
Les deux premières solutions n’existent pas à ce jour. Pas sûr qu’elles existent un jour à l’échelle requise. Nous n’avons que deux barrages STEP pouvant servir au stockage. Les batteries sont chères et pas utilisables aux échelles industrielles qu’exige le réseau français (plusieurs semaines de consommation). Curieusement la solution à l’intermittence, en vigueur aujourd’hui, n’est pas mentionnée : compter sur les centrales pilotables, nucléaires ou à combustible fossile carboné…
Le gaz augmente car c’est l’énergie choisie par l’Europe comme, solution (non avouée) pour pallier l’intermittence du renouvelable
Nous avons tous lu dans la presse début octobre, les nombreux articles annonçant la forte augmentation des prix du gaz. C’est sûr qu’à l’entrée de l’hiver une nouvelle augmentation du gaz après toutes celles intervenues cette année n’est pas une bonne nouvelle. Le Monde du 6/10/2021 publie un article de Ph. Escande intitulé :
“«L’énergie reste le carburant de notre économie »
où il s’étonne :
“Le développement des énergies renouvelables aurait dû détendre les prix du gaz et
du charbon, devenus moins utiles, et c’est l’inverse qui se produit”
Que veut dire ce titre ? Que l’énergie est un carburant ? C’est faux, c’est le carburant
qui est de l’énergie. Pour que le titre ait un sens il faut intervertir les mots énergie et
carburant : Le carburant (produit carboné qu’on brule) reste l’énergie de notre
économie. Le vent et le soleil ne remplaceraient donc pas le pétrole, le gaz, le
charbon… Pis ils en auraient besoin !
Concernant l’augmentation du gaz je ne suis pas étonné, et ce n’est pas paradoxal :
- le problème de l’intermittence reste très sous estimé. Avec le développement
du renouvelable il devient de plus en plus aigu. Il faut disposer d’une puissance
pilotable de réserve presque égale à la production renouvelable car cette dernière
peut tomber à zéro. - C’est le gaz qui a été choisi pour répondre au problème de l’intermittence. Les batteries au lithium, l’hydrogène vert, font de beaux articles dans les journaux mais ne sont en aucun cas des solutions : pas à l’échelle industrielle du besoin, ou tout simplement inexistantes à ce jour. Le choix de bonnes vieilles centrales thermiques (émettrice de CO2 !) à coté du renouvelable est trop trivial pour qu’on en parle dans les journaux. De plus, la plupart des pays européens ont fermé bon nombre de centrales à charbon ou fioul, (bien plus polluantes que le gaz), voire nucléaires (détestées par la Commission Européenne et les partis écologistes).
- ce choix effectif ignoré semble-t-il de bon nombre de journalistes et de
politiques, engendre une forte demande en gaz qui fait monter les prix dans
un contexte mondial où ce sont les producteurs qui font la loi… - L’obstination de Mme Merkel et de M. Poutine à construire un deuxième pipe-line
(Nordstream2) contre l’avis des Etats-Unis, montre, si c’était nécessaire, l’aspect
stratégique du gaz en Allemagne (où il y a beaucoup d’éoliennes) et plus
généralement en Europe. Pourtant la même Europe inflige des sanctions à la
Russie, ce qui l’encourage à vendre son gaz à d’autres, et lui permet d’augmenter
le prix du gaz qu’elle veut bien nous vendre, dont nous avons tant besoin…
Nordstream2 ne sert pas à transporter plus de gaz entre la Russie et l’Europe, il
sert à contourner l’Ukraine, exigence de M. Poutine désormais satisfaite. - Les fournisseurs européens de gaz (Royaume Uni, Norvège) ont passé leur pic, ils sont en déclin, tout comme le gaz algérien. Le gaz liquéfié est convoité par les pays asiatiques. Ils réussissent à détourner les tankers initialement destinés à l’Europe, mais qui vont finalement au plus offrant.
En définitive il a suffi de quelques aléas météorologiques pour faire apparaitre le
problème de l’intermittence du renouvelable au grand jour en cet automne 2021.
Moins de pluies en Norvège, donc moins d’électricité hydraulique, moins de vent au
Royaume Uni, une canicule sans vent en Espagne, etc. Des évènements normaux
dans un contexte de dérèglement climatique… Compter sur une énergie
renouvelable intermittente très dépendante d’un climat qui se dérègle, est une
attitude peut être nécessaire, mais surtout très risquée.
=> Conséquence le KWh électrique devient cher, il sera rare et encore plus cher
aux heures de pointe.
Cette cherté concerne toute l’Europe y compris la France bien qu’elle utilise peu de
gaz pour son électricité car les réseaux sont interconnectés et le marché de
l’électricité est européen. Les variations de prix se propagent du gaz à l’électricité et
d’un pays à l’autre…
Les problèmes de l’énergie vont resurgir pendant la campagne électorale des
présidentielles. Ce sera l’occasion de nouveaux articles…
Daniel Beaucourt, octobre 2021
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