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Evolution de la population de Fontenay-aux-Roses : population étrangère et immigrée, Comparaison avec le Territoire Val Sud Grand Paris

Monsieur Candide : dans l’évolution de la population de Fontenay telle que vous l’avez analysée dans la première note pour 2022, quelle est la part relevant de la population étrangère ou immigrée ?

La question est délicate car, dès que l’on parle d’immigrés ou d’étrangers, on risque de se retrouver involontairement classé dans les rangs des extrémistes ….  Pour ce qui me concerne, je reprends l’analyse de TOUT ce que l’INSEE recense sans rien rajouter ou enlever.

Le lecteur pourra constater que j’ai écrit environ une vingtaine de textes sur la sociologie de la Ville et que ce sujet n’a, jusqu’à maintenant, jamais été abordé.

Quelle est l’évolution à Fontenay ? Tendances et chiffres : rappelons que le « millésime » 2018 de l’INSEE reprend la moyenne de la période 2016-2020 :

(Pour toutes les tableaux et graphiques , vous pouvez cliquer sur l’image qui s’ouvrira en plus grand)

En clair, il y a augmentation sensible de la part de la population étrangère (11.4% du total) ou des immigrés (16.7% du total). Les courbes correspondantes montrent l’évolution marquée depuis la période 2010 (année de la vente des immeubles privés Icade pour transformation en logements sociaux ; l’impact social n’a cependant pas été immédiat et continue encore à s’accentuer aujourd’hui avec le départ des derniers locataires d’origine Icade).

Rappelons les définitions de l’INSEE :

Monsieur Candide : la situation est-elle la même pour toutes les villes de Vallée Sud Grand Paris ?

Non ! Les taux de population immigrée varient d’une ville à l’autre et nous les présentons ci-dessous classés par ex-agglomération de communes avec Sud-de-Seine (18.1%), Hauts-de-Bièvre (11.1%), Chatillon-Montrouge (13.3%), total VSGP de 14.2%.

Par ville, Fontenay (16.7%) se situe au deuxième rang, derrière Bagneux (25.7%), devant Châtillon (16.1%) et Clamart (16%).

On note que, pour une moyenne globale de 14.2% au niveau total de VSGP, les villes de l’ex-agglomération Sud-de-Seine avec 18.1% de populations immigrées sont largement devant le couple Chatillon-Montrouge (13.3%) et Hauts-de-Bièvre (11.1%).

Monsieur Candide : comment s’explique ces variations d’une ville à l’autre ?

Cet écart entre taux d’immigration par ville relève de trois aspects :

  1. Niveau de logements sociaux (en % du parc immobilier total)
  2. Volonté de recevoir des immigrés ou politique restrictive
  3. Capacité à appliquer la politique retenue : contrôler la réception (ou le non accueil) d’immigrés.

La complémentarité de ces trois politiques, variables par ville, conduit à un taux de population « immigrés » distinct.

1- Niveau de logements sociaux par ville de Vallée-Sud-Grand-Paris (VSGP) :

Procédons à une analyse pour chacune des ex-agglomérations aujourd’hui intégrées dans VSGP :

Sud de Seine :

La politique 2005-2020 dirigée par la gauche dans ces quatre villes (avec changement à Fontenay et Clamart en 2014), s’est caractérisée par

  • Une augmentation de 7624 logements sociaux + 36%, le taux SRU de logts sociaux passant de 34.59 à 44.30% (+9.71%) pour un minimum légal de 25%,
  • Une diminution en parallèle du nombre de logements privés qui ont été transformés en logements sociaux (-3830 soit -9.6%),

>>> On perçoit ainsi que la politique est ouverture  totale sur le logement social et fermeture sur la propriété : les logements privés sont en baisse absolue dans chacune des quatre communes !

  • Un niveau de construction d’à peine 6.2% en 15 ans.

Cette politique de stagnation du parc total et de transformation de logements privés en logements sociaux a vraisemblablement augmenté le stress immobilier des habitants et a conduit, fort logiquement, les électeurs à la non-réélection des deux équipes municipales socialistes de Clamart et Fontenay en 2014.

L’équipe municipale de Bagneux, bien que majoritairement communiste, a compris le problème, a changé sa politique et, sur la période 2015-2020, en est venue à un développement du logement privé (+537 en 5 ans) quand le logement social ne connait qu’un + 292.

Hauts de Bièvre :

La politique de ces cinq villes se caractérise par :

  • Un accroissement limité du nombre de logements sociaux +2872 (+15,6%) avec stagnation du taux SRU de logements sociaux qui passe de 28.88 à 29.38%, quelques points au-dessus du minimum légal de 25%.
  • Très curieusement, Le Plessis a réussi à baisser le nombre absolu de ses logements sociaux (-507 unités), politique qui parait totalement contraire à la réglementation (DRILH)
  • Une augmentation du nombre de logements privés (+5.805)
  • Seule Bourg LR connait un taux de logements sociaux de 18.65% inférieur au minimum légal ( 25%), la situation d’Antony passant de 19,52 à 22.79% et évoluant progressivement vers ladite limite (ce que le Préfet accepte).

TOUTES les équipes municipales (ou leurs héritiers) ont été réélues en 2014.

Chatillon-Montrouge :

La politique de ces deux villes se caractérise par :

  • Une augmentation sensible du nombre de logements sociaux (+17.9%) mais avec maintien du taux SRU à 22.5% restant inférieur au minimum légal de 25%
  • Un accroissement en logements privés de 9.8%
  • Le maire de Chatillon a été remercié et celui de Montrouge a été aidé par une triangulaire.

2- Volonté de recevoir des immigrés ou politique restrictive

A côté de la politique de construction immobilière / urbanistique, il y a, par ville, le niveau de volonté à accepter ou freiner l’arrivée d’immigrés.

Sur la base cumulée de VSGP, on voit dans le tableau ci-dessous qu’un pourcentage de 33.22% de logements sociaux conduit, en global sur les 11communes, à un taux moyen de population immigrée de 14.2%.

Nous allons reprendre ce ratio, faute de lieux, ce qui ne signifie pas que tous les immigrés habitent en logements sociaux ou que ces logements sociaux ne sont habités que par des immigrés. La relative pauvreté des immigrés conduit cependant à une attribution facilitée en logements sociaux (privilégier les demandeurs locaux, de la ville même,  est théoriquement  interdit et ne peut être que limité comme le montre, ci-dessous, la présente étude).

Partant de ce ratio 14.2/33.22 donnant la corrélation VSGP entre immigrés et logements sociaux par ville, on peut en déduire, proportionnellement, le taux théorique d’immigrés attendu par commune, taux théorique à comparer au taux réel présenté en début de la présente étude.

Cette approche n’est pas totalement scientifique mais fait apparaitre des distorsions confirmées par ailleurs :

En regardant les écarts obtenus entre taux attendus et taux constatés, on voit ici que :

  • Des villes ont une acceptation restrictive des immigrés, particulièrement Le Plessis (-4.4) et Châtenay (-7.4) ainsi que Malakoff (choix politique des locataires … ?).
  • Des villes ne contrôlent pas ce flux (Chatillon +5.9%) et Bourg-L-R (+4.3) ; dans les deux cas il s’agit de villes carencées en logements sociaux et ce dépassement présente une « moindre » importance.

Le Plessis et Antony méritent une remarque :

  • Le Plessis arrive à diminuer le nombre absolu de ses logements sociaux (-507 entre 2005 et 2020 comme indiqué ci-avant) et arrive en sus à minorer son taux d’immigrés.
  • Antony, en état de carence en pourcentage SRU de logements sociaux inférieurs à 25%, 22.79% en 2020, augmente son taux de SRU pour respecter la loi mais compense en freinant l’arrivée d’immigrés.

3- Capacité à contrôler la réception (ou le non accueil) d’immigrés.

Nous avons indiqué que la maîtrise du taux d’immigrés relevait du taux de logements sociaux (dit taux « SRU ») et de la politique d’acceptation ou de restriction de ces populations.

La présence d’un office municipal d’HLM a-t-il un impact ? Analysons le cas de quelques communes :

  • Le Plessis n’a pas d’office municipal mais présente un contrôle total de sa population avec diminution du nombre absolu de logements sociaux, et un taux d’immigrés inférieur à l’attente. Le fait que quasiment tous les logements sociaux appartiennent au même bailleur et que le maire y ait travaillé, explique peut-être la situation, outre le poids politique de ladite personne …
  • Clamart a un office (Clamart-Habitat) mais son taux d’immigrés est supérieur au niveau théorique attendu.
  • Même remarque pour Châtillon, la petite taille de Chatillon-habitat (1500 logements) ne pouvant constituer un outil de maîtrise
  • On notera que Fontenay, sans office municipal et avec douze bailleurs différents …, maîtrise son niveau de population immigrée par rapport au théorique (-1.9%) mais à un niveau élevé (16.7%).

Nous reviendrons en une autre note sur les spécificités de Fontenay et nous soulignerons notre étonnement à ce que tous ces éléments ne soient pas retenus dans les réflexions sur l’urbanisme à développer.

Jean-Michel Durand

Ancien maire adjoint aux Finances et Logements-Sociaux (2014-2020)

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