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Chronique d’un Fontenaisien qui est atteint du COVID : 4 – Pompez Shadocks

À force de discussions avec mes divers médecins, qui ont tous répondu avec gentillesse et patience à mes questions – même si souvent ils ont avoué ne pas avoir la réponse – je me suis fait une certaine idée des mécanismes qui se sont s’appliqués à moi dans cette situation de COVID. En quelque sorte de me créer un modèle comme on dit chez les ingénieurs. Je vais le décrire avec mes mots. Merci aux experts de faire preuve de compréhension.

En ce qui me concerne, il me semble que je n’ai pas eu droit à la flambée du système immunitaire dont on parle dans les médias – puisque je n’ai pas été incubé – mais simplement à la fin de l’inflammation des poumons, et au traitement des dégâts.

Notre système cardio pulmonaire qui alimente en oxygène tout le reste de la machine est en fait une grande boucle d’asservissement : un capteur détecte le niveau de saturation du sang, et réagit quand il descend en dessous de 90 %. Il commence par accélérer le rythme cardiaque et le cas échéant le rythme respiratoire. Le problème du COVID, c’est que l’élément de puissance de la boucle d’asservissement, les poumons, n’ont pas la puissance nécessaire pour répondre à cette demande. Et à ce moment-là on commence à sentir une gêne. Le drame de la situation est que si l’on accélère volontairement le rythme respiratoire (que l’on peut consciemment contrôler, contrairement au rythme cardiaque), on augmente la demande d’oxygène pour alimenter les muscles de la cage thoracique. Et donc on demande à un système qui manque déjà de puissance, d’en fournir encore…

À l’hôpital, on sortait de cette situation de deux façons. 1- l’infirmière en télésurveillance intervient et augmente le débit d’oxygène – et donc la puissance du moteur de boucle d’asservissement ou 2 – on s’impose une cadence de respiration qui est à la limite de stabilité du système. C’est-à-dire les respirations suffisamment posées et profondes pour fournir le supplément d’oxygène qui permet de donner aux muscles des poumons le supplément de carburant. Le tout sans exagérer puisque des respirations trop profondes déclenchent une quinte de toux, ce qui complique encore la manœuvre, voire la bloque (détresse respiratoire ?). D’où l’insistance des kinésithérapeutes à l’hôpital pour apprendre, dès les premières séances, à respirer : respiration pas trop appuyée, pause, expiration libre. En pratique, la récupération peut aller avec une petite sueur froide dans le dos – au sens propre – qui vous laisse à plat. Fatigué… Suivant le débit d’oxygène, le retour à la normale peut prendre quelques dizaines de minutes. Ce mode de respiration demande un peu de self contrôle…

Une anecdote sur le sujet. Un matin, vers J15 ou J20, le kinésithérapeute qui voulait sans doute me tester m’enlève l’oxygène, et m’emmène faire un tour dans les couloirs du service, bien sûr en me tenant de façon souple mais ferme le bras. Le tour était en fait un carré qui devait représenter 30 à 40 pas. Comme le premier tour s’était bien passé il a enchaîné sur un deuxième. Et comme il avait choisi une cadence de marche bien alignée sur mon rythme respiratoire, je me sentais plutôt à l’aise : 1,2 inspiration, 3,4 expiration. Une adaptation de mon rythme de footing, qui à la vitesse à laquelle je le fais, est plutôt ternaire. Bien sûr cette respiration cadencée se faisait bouche pleine ouverte, plutôt bruyante ! Le tour se termine et le kinésithérapeute me rend à ma chambre.

Débarque alors dans ma chambre la médecin anesthésiste, qui devait faire fonction de médecin de garde, furieuse, qui me dit : c’est pas possible. J’ai entendu la « machine à vapeur » dans le couloir. Je vais interdire au kinésithérapeute de faire ça…

Moi qui pensait avoir bien fait ma part du job, me faire traiter de machine à vapeur…

A suivre, au prochain numéro.

À la réflexion, il m’est revenu en mémoire ma première rencontre avec l’oxygène : un fantastique vol en siège arrière d’un Alphajet… Ceci pourrait faire l’objet, disons d’une chronique optionnelle… si cela intéresse quelqu’un…

Michel Bayet


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